Category Archives: social support systems

Santé encourageante

Il y a un an, jour pour jour, aujourd’hui, j’étais dans un piteux état, physiquement. Aujourd’hui, je suis dans la meilleure forme physique que j’ai été depuis au moins dix ans. Une chance que j’ai eu un peu d’encouragement.

J’hésite à écrire ce billet. Bloguer à propos de ma santé a pas toujours des effets très positifs. Mais je crois que c’est important, pour moi, de décrire tout ça. Pour moi-même, d’abord, parce que j’aime bien les anniversaires. Mais pour les autres, aussi, si ça peut les encourager. J’espère simplement que ça peut m’aider à parler moins de santé et de me concentrer sur autres choses. Avec une énergie renouvelée, je suis prêt à passer à d’autres étapes. Peu importe ce qui arrive, 2014 risque d’être une année très différente de 2013.

Depuis plusieurs années, ma condition physique  a été une source de beaucoup de soucis et, surtout, de découragement. Il y a près de vingt ans, j’ai commencé à souffrir de divers problèmes de santé. Jusqu’à maintenant, j’ai aucune idée de ce qui s’est vraiment passé. Ma période la plus sombre a débuté par un ulcère d’estomac qui fut suivi de reflux gastro-œsophagien. Par la suite, j’ai subi des problèmes chroniques sur lesquels je n’élaborerai plus (l’ayant fait plus tôt),  que j’ai trouvé particulièrement handicapants. Je commence à peine à me sortir de tout ça. Et ça dure depuis mon deuxième séjour au Mali, en 2002.

À plusieurs reprises au cours de ces années, j’ai pris la décision de prendre ma santé en main. Pas si facile. J’avais toute la motivation du monde mais, au final, assez peu de support.

Oh, pas que les gens aient été de mauvaise volonté. Mes amis et mes proches ont fait tout ce qui leur était possible, pour m’aider. Mais c’est pas facile, pour plusieurs raisons. Une d’entre elles est que je suis «difficile à aider», en ce sens que j’accepte rarement de l’aide. Mais le problème le plus épineux c’est que l’aide dont j’avais besoin était bien spécifique. Beaucoup de choses que les gens font, de façon tout-à-fait anodine, ont surtout un impact négatif sur moi. Pas de leur faute, mais une petite phrase lancée comme si de rien n’était peut me décourager assez profondément. Sans compter que ces gens ne sont pas spécialistes de mes problèmes et que j’avais besoin de spécialistes. Au moins, un médecin généraliste ou autre professionnel de la santé (agréé par notre système médical) qui puisse me comprendre et me prendre au sérieux. Ma condition avait pu s’améliorer grâce à diverses personnes mais ces personnes n’ont que peu de possibilité d’agir, dans notre système de santé. Mon médecin de famille ayant arrêté de pratiquer, il me manquait une personne habilitée à m’aider en prenant mon cas en main.

C’est beaucoup ce qui s’est passé, en 2013, pour moi. C’est en ayant accès à quelques spécialistes que j’ai pu améliorer ma santé. Et tout ça a commencé le 3 janvier, 2013.

Je revenais de passer quelque-chose chez mon frère, à Aylmer. Ces quelques jours ont été très pénibles, pour moi. Je souffrais d’énormes maux de têtes, qui avaient commencé à se multiplier au cours des mois précédents et mes problèmes d’œsophage étaient tels que je n’en arrivais plus à dormir. Mes autres problèmes me décourageaient encore plus. Vraiment, «rien n’allait plus».

Pourtant, j’avais déjà fait beaucoup d’efforts pour me sentir mieux, pendant des années.  Des efforts qui ne portaient fruit que sporadiquement et qui ne se remarquaient pas vraiment de l’extérieur. Une recette pour le découragement. Ma santé semblait sans issue. Dans de telles situations, «les gens» ont l’habitude de parler de résignation, de pointer vers leurs propres bobos, de minimiser la souffrance de l’autre… Normales, comme réactions. Mais pas très utiles dans mon cas.

Les choses ont commencé à changer dans la soirée du 3 janvier. Sachant que mes maux de tête pouvaient avoir un lien à l’hypertension, me suis acheté un tensiomètre à la pharmacie.

Tensio

À 20:53, le 3 janvier 2013, j’ai fait une lecture de ma tension artérielle.

Systolique: 170
Diastolique: 110

Pas rassurant. Ni encourageant.

J’ai appelé la ligne Info-Santé, un service téléphonique inestimable mais sous-estimé qui est disponible au 811 partout au Québec. L’infirmière qui m’a répondu m’a encouragé, comme elles le font souvent, de consulter un médecin. Elle m’a aussi donné plusieurs conseils et donné de l’information au sujet des moments où ce serait réellement urgent de consulter dans les plus brefs délais. Pour certains, ça peut paraître peu. Mais, pour moi, ç’a été la première forme de support dont j’ai bénéficié pendant l’année. Le premier encouragement. Enfin, ma condition était suffisamment sérieuse pour que je sois pris au sérieux. Et de l’aide est disponible dans un tel cas.

C’est donc le lendemain, 4 janvier 2013, que je suis allé consulter. C’est un peu à ce moment que «ma chance a basculé». L’infirmière d’Info-Santé m’avait donné le numéro d’une clinique sans rendez-vous assez près de chez moi. Cette clinique offre un service d’inscription par téléphone, qui fait office de rendez-vous sans en être un. En appelant ce numéro tôt le matin, j’étais en mesure de me réserver une place pour voir un médecin dans une certaine plage horaire. J’ai donc pu consulter avec le Dr Anthony Rizzuto, en ce beau jour du 4 janvier 2013.

Le Dr Rizzuto avait l’attitude idéale pour me traiter. Sans montrer d’inquiétude, il a pris mon cas au sérieux. En m’auscultant et en me posant quelques questions, il a rapidement compris une grande partie de la situation et a demandé que je puisse passer un ECG à la clinique. Avec ces résultats et les autres données de mon dossier, il m’a offert deux options. Une était de traiter mon hypertension par l’alimentation. Perdre 10% de mon poids et de faire de l’exercice physique mais, surtout, éliminer tout sodium. L’autre option était de prendre un médicament, tout d’abord à très petite dose pour augmenter par la suite. Dans un cas comme dans l’autre, je pouvais maintenant être suivi. Les deux options étaient présentées sans jugement. Compte tenu de mes problèmes digestifs, la première me semblait particulièrement difficile, ce sur quoi le Dr Rizzuto a démontré la juste note d’empathie (contrairement à beaucoup de médecins et même un prof de psycho qui font de la perte de poids une question de «volonté»). Même si je suis pas friand des médicaments, j’ai opté pour la seconde option, tout en me disant que j’allais essayer la première. En deux-trois phrases, le Dr Rizzuto m’a donné plus d’encouragement que bien des gens.

J’ai pris mon premier comprimé de Ramipril en mangeant mon premier repas de la journée. Je réfléchissais à mon alimentation, à la possibilité d’éliminer le sodium et de réduire mon apport calorique, tout en faisant de l’exercice physique. Ayant essayé, à plusieurs reprises, de trouver une forme d’exercice qui me conviendrait et étant passé par des diètes très strictes, l’encouragement du Dr Rizzuto était indispensable.

Même si les gens confondent souvent les deux concepts, je considère l’encouragement comme étant bien plus important et bien plus efficace que la motivation. Faut dire que je suis de ceux qui sont mus par une très forte motivation intrinsèque. C’est d’ailleurs quelque-chose que je comprends de mieux en mieux, au fil des années. Malgré les apparences, je dispose d’une «volonté» (“willpower”) très forte. C’est un peu pour ça que je n’ai jamais été accro à quoi que ce soit (pas même le café) et c’est comme ça que j’arrive avec une certaine facilité à changer des choses, dans ma vie. Mais ma motivation nécessite quelque-chose d’autres. Du «répondant». De l’inspiration, dans des contextes de créativité. De l’encouragement, quand je suis désespéré.

Ma motivation intrinsèque d’atteindre un meilleur niveau de santé avait atteint son paroxysme des mois plus tôt et se maintient depuis tout ce temps. J’avais besoin de me sentir mieux. Même si je ne me souviens pas d’avoir manqué une seule journée de travail pendant ma vie adulte, mon niveau d’énergie avait considérablement baissé. Plus directement, les maux de tête que je subissais de plus en plus fréquemment me faisaient peur. J’ai dit, depuis, que c’est la peur de faire un AVC qui m’a poussé. C’est pas tout-à-fait exact. J’étais poussé par ma motivation intrinsèque, de toutes façons. L’éventualité de faire un AVC avait plutôt tendance à m’empêcher d’agir. Ce qui est vrai, c’est que c’est plus à l’AVC qu’à l’infarctus que je pensais, à cet époque. Certains peuvent trouver ça étrange, puisqu’un infarctus est probablement plus grave, surtout à mon âge. Mais la peur est pas nécessairement un phénomène rationnel et mes maux de tête me faisaient craindre un accident qui pourrait rendre ma vie misérable. D’où une «motivation» liée à l’AVC. J’ai pas vraiment l’habitude d’avoir peur. Mais cette éventualité me hantait bien plus que la notion d’avoir un autre trouble de santé, y compris le cancer. (Je connais plusieurs personnes qui ont eu le cancer et, même si certaines en sont décédées, je me sens mieux équipé pour affronter cette maladie que de survivre à un AVC.)

Donc, j’en suis là, mangeant un petit-déjeuner, dans un resto de mon quartier, réfléchissant à mes options. Et prenant la mesure des encouragements du Dr Rizzuto, pour utiliser l’approche diététique de l’hypertension (DASH). Il m’a pas dit que j’étais capable de le faire. Il m’a pas donné des trucs pour y arriver. Mais, surtout, il m’a pas jugé et il m’a pas balayé du revers de la main. En fait, il me prenait en main.

Sans devenir mon médecin de famille.

Ce n’est qu’en juin que, grâce au Dr Rizzuto, j’ai pu avoir un rendez-vous avec ma médecin de famille. Lors de ma première consultation avec le Dr Rizzuto, il me donné un petit signet sur lequel il y avait des informations au sujet du Guichet d’accès à un médecin de famille, dans mon quartier. J’ai appelé rapidement, mais le processus est long. D’ailleurs, le processus s’est étendu bien au-delà de ce qui était prévu, pour toutes sortes de raison. Même que la médecin de famille avec laquelle j’ai pu avoir un rendez-vous, la Dre Sophie Mourey, n’était pas la même personne qui m’était assignée. Reste que, sans l’approche encourageante du Dr Rizzuto, je n’aurais probablement pas de médecin de famille à l’heure qu’il est.

Et je n’aurais probablement pas accompli ce que j’ai pu accomplir dans l’année qui a suivi.

Qu’ai-je accompli? À la fois pas grand-chose et tout ce qui compte. J’ai fait plus de 2000km de marche à pieds et 1870 miles de vélo sur place (à une moyenne de 18miles/heure pendant environ trois heures par semaine, au cours des derniers mois). J’ai débuté une routine quotidienne de yoga (pour une moyenne de quatre heures par semaine, depuis l’été). J’ai baissé mon pouls au repos d’environ 90 battements par minute à moins de 60 battements par minute. J’ai évidemment baissé ma tension artérielle, d’abord aidé par le Ramipril (5mg), mais maintenant presque sous contrôle. Encore plus important pour moi, j’ai fini par trouver une façon de grandement diminuer certains de mes autres problèmes de santé, ce qui me donne l’espoir de pouvoir en enrayer certains au cours des prochains mois.

Donc, comme le disait la Dre Mourey, mon bilan de santé est bien encourageant.

Ah oui, incidemment… j’ai aussi perdu 15kg (33lbs.). Sans beaucoup d’effort et juste un petit peu de motivation.

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Yoga and Community in Contemporary North America

Last night, Matthew Remski’s chapter on yoga “culture” served as the basis for a conversation on yoga and communities. Roseanne Harvey had invited some panelists and like-minded people to join her at Andrew Gordon Middleton’s and Michael O’Brien’s Studio Flow Space in Verdun.

After the conversation, I started reading Remski’s chapter in 21st Century Yoga: Culture, Politics, and Practice, the collected essays that Roseanne has edited with Carol Horton.

Several things transpired from this conversation and, though I’m still a yoga newbie, I thought I’d post a few thoughts.

Most important, to me, is the realization that yoga may be antithetical to community development. Remski’s chapter made some of this painfully clear and I had such a feeling of recognition while reading the first part of this chapter that I almost clapped. (It’d have been weird, since I was in the métro.)

Yoga, like transcendentalism, focuses on individualism. As Margaret Fuller with transcendentalism, I find something unsatisfying in this. While I can understand the value of therapeutic self-centredness, I can only handle it for short periods of time. As an extrovert, I need some level of social interaction, especially if I can help others. Navigating either Nietzsche or Thoreau, I quickly feel trapped in a limited world.

Which brings me to Catholicism. The topic ended up being a significant piece of the backdrop to last night’s conversation. Though I wasn’t baptized (and, therefore, not officially a member of the Catholic community), I was raised in a quickly-secularizing Catholic context (Québécois society during the Quiet Revolution). Culturally, I associate more directly with the Catholic Play Ethic (or with the Sensual Ethic) than with what Weber called the Protestant Work Ethic (PWE). Sounds like Remski may be in a similar situation. And so were some participants in last night’s conversation. Not that no Catholic subscribes to PWE or that all Protestants are caught in it. But it’s remarkable how “key scenarios” may differ along such lines. I’d rather have a picnic with Manet (or Monet) or a food fight with Gwen Stefani and the band than a success story written by Horatio Alger. Just don’t get me started about the difference between Fellini and Bergman.

What does this have to do with yoga? Precious little. Yoga is about self-improvement and introspection… until it becomes about interdependence, intersubjectivity, and projecting the mind outside the self. Only then does yoga reach a sense of community. But this sense of community isn’t local, social, cultural, spatial. It’s sense of universal community of mind, beyond such pesky little things as families, cities, countries, and social movements. In “loving kindness” meditation, the shift from individuals to the Whole Earth doesn’t sound very gradual. Sure, “the community” can be there as a target for meditation. But the difference in kind between a neighbourhood community and, say, the community of spirit between humans and locusts affords little discussion, in such a context.

Playing the social scientist during yesterday’s convo, I couldn’t help but point out two key features of communities, from a social science perspective: sense of belonging and interdependency. Though they apply to any community, they may be especially useful in the yoga context. I don’t know enough about yoga to be sure about this, but comments made after I mentioned these two dimensions did sound like they resonated with my simple description.

Interdependency is a recent addition to my definition of community. A student in my “Cyberspace Sociology” course added it as a key feature, and it really helps to bring things in focus. One aspect of this dimension is that community isn’t necessarily something we choose. We may choose some of our neighbours but we may be affected by many community members who’d otherwise have “nothing to do with us”. Also, given issues surrounding our natural environment, the ecological principles behind communities are easy to describe: we can “do our part” but the system can still be dysfunctional if some people don’t. As both victims of climate change and perpetrators of pollution which takes part in it, we can perceive the implications of being dependent on one another. Not to mention that interdependence is an important concept in yoga.

The sense of belonging part may afford more unpacking. Sure, hippies have reappropriated “kumbaya” as the mushy version of belonging. That one fits in the “community of spirits” model. In anthropology, we tend to focus on the “community of experience” model (if not on the “community of practise” one). To do so, some of us refer to Victor Turner’s communitas, based on the liminal phase in initiation rituals. Through this concept, we identify a space for intense relationships among equals, typical of people subjected to a difficult experience together. The concept also involves a separation from the rest of the social system.

By extension, we can think about the divisive nature of social identity: if there’s an us, there’s also a them. Quite frequently, this them is a particular group, with which the community entertains a rivalry. Montreal may be Quebec City’s “Other”, even though Montrealers care very little about the “national capital”. Fans of the Maple Leafs may also perceive Montreal as the other, although I’ve heard more anti-Boston sentiment in my youth than anything about Toronto.

Yoga’s communities are peculiar. It sounds like it may be possible to create a sense of belonging through yoga retreats and other occasions for shared experiences. Yet the embedded hierarchy of many yoga instruction models may shift the communitas away from “practice”. Bonding works remarkably well when people have a common foe (an initiator causing harm would be an appropriate figure, here). However authoritative they may be, yoga instructors may not desire this type of antagonism.

Though (as was clear from last night’s discussion) some yoga studios enter in direct competition as businesses, yoga communities may not be ideal places for impassioned rivalries. The “slippery slope” from opposition between groups and outright conflict may make peace-loving yoginis and yogis think twice about this type of chants and cheers.

Which isn’t to say that the yoga world lacks distinction. In fact, yoga sociology has a lot to explore. From the outside, the internal structure of the North American yogasphere is fascinating. But that structure, it sounds like, rarely made explicit. It also sounds like it’s inward-looking, to a fairly large extent. The yogasphere includes all sorts of yoga practitioners, but it’s focused on yoga teachers and other experts, not necessarily on the local embedding of yoga practice. Yoga studios, in this model, are like havens of peace in a fastpaced world. The them group comprises a large number of people who don’t get yoga.

Personally, I’m more interested in how communities can appropriate yoga. Yes, it involves the adaptation of yoga practice, which implies some level of inauthenticity. Thanks to the association between yoga and New Age (a drone under 21st Century Yoga), yoga specialists may shy away from this type of reappropriation. Yet, empowering communities through yoga-inspired practice could be a worthy cause for yogactivists.

Yoga needs space. A key theme during yesterday’s discussion was space: studio rent, overhead, location, sense of place, neighbourhoods as markets… In North American cities, yoga doesn’t own much space, and that’s the crux of the problem.

This is where we can go back to Catholicism, where Remski started his essay on yoga “culture”. It was an underlying theme through the discussion. (Funnily enough, the conversation was structured by a key figure who invited four “evangelists” and we were eight “disciples”.)

The Catholic Church does own space. In fact, a large part of the “business model” for the Catholic clergy relates to real estate. As many of these properties are being sold, there may be opportunities for community ownership of prime space. In fact, I’m a research associate for a community organization involved in a community-based project surrounding the reappropriation of a church. Wasn’t thinking about yoga in that space, but I’m sure some other people have been. Last summer, Yoga en rouge was happening (led by Audrey Béliveau) in Parc Molson, next door to that church. And it’s clearly a grassroots community affair.

I’m not (officially) Catholic and I’m a n00b to yoga. I’m finally grokking the difficulties to develop community membership through yoga. So I’ll continue doing my yoga practice at home, by myself, away from other people’s gaze. Still feels good.

Open Letter: UnivCafé Testimonial

Here’s a slightly edited version of a message I sent about University of the Streets Café. I realize that my comments about it may sound strange for people who haven’t participated in one of their conversations. And there may be people who don’t like it as much as I do. But it’s remarkable how favourable people are to the program, once they participate in it.

Having taught at eight academic institutions in the United States and Canada, I have frequently gone on record to say that Concordia is my favourite context for teaching and learning. By a long stretch.

Concordia’s “University of the Streets Café” program is among the things I like the most about my favourite university.

Over the past few years, I have been a vocal participant at a rather large number of “UnivCafé” events and have been the guest at one of them. Each of these two-hour conversations has provided me with more stimulation than any seminar or class meeting in which I participated, as a teacher or as a student.

In fact, I have frequently discussed UnivCafé with diverse people (including several members of the Concordia community). As is clear to anyone who knows me, UnivCafé has had a strong impact on my life, both professionally and personally.

Given my experience elsewhere, I have a clear impression of what makes Concordia unique.

  • Emphasis on community development.
  • Strong social awareness.
  • Thoughtful approach to sustainability.
  • Seamless English/French bilingualism.
  • Inclusive attitude, embracing cultural and social diversity.
  • Ease of building organic social networks through informal events.

In a way, UnivCafé encapsulates Concordia’s uniqueness.

Yet it goes further than that. Though it may sound hyperbolic to outsiders, I would not hesitate to say that UnivCafé captures some of the Greek academia (Ἀκαδημία) while integrating dimensions of contemporary life. More pithily: ”UnivCafé is a social media version of Plato‘s Academy”.

It seems to me that academia is in a transition period. For instance, the tenure system could be rethought. With social and technological developments challenging many academic models, universities are often searching for new models. I sincerely hope that the UnivCafé model is a sign of things to come.

I have discussed this on several occasions with students and colleagues, and this notion is gaining ground.

There is something remarkable about how appropriate the UnivCafé model is, in the current context. To my mind, UnivCafé does all of the following:

  • Encourages critical thinking.
  • Gives voice to people who are rarely heard.
  • Exposes participants to a diversity of perspectives.
  • Brings together people who rarely get a chance to interact.
  • Integrates practical and theoretical concerns.
  • Allays fears of public speaking.
  • Builds valuable connections through the local community.
  • Brings academics outside the Ivory Tower.

As may be obvious, I could talk about UnivCafé for hours and would be happy to do so in any context.

In the meantime, may this testimonial serve as a token of appreciation for all the things I have gained from UnivCafé.

Espace social et innovation ouverte

Présentation pour le panel « Innovation ouverte et living labs, la divergence cohésive par les réseaux sociaux ?» organisé par Patrick Dubé dans le cadre de la dixième conférence internationale webcom Montréal.

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Happiness Anniversary

HappyTweet

A year ago today, I found out that I was, in fact, happy.

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How I Got Into Beer

Was doing some homebrewing experimentation (sour mash, watermelon, honey, complex yeast cultures…) and I got to think about what I’d say in an interview about my brewing activities.

It’s a bit more personal than my usual posts in English (my more personal blogposts are usually in French), but it seems fitting.

I also have something of a backlog of blogposts I really should do ASAP. But blogging is also about seizing the moment. I feel like writing about beer. 😛

So…

As you might know, the drinking age in Quebec is 18, as in most parts of the World except for the US. What is somewhat distinct about Qc with regards to drinking age is that responsible drinking is the key and we tend to have a more “European” attitude toward alcohol: as compared to the Rest of Canada, there’s a fair bit of leeway in terms of when someone is allowed to drink alcohol. We also tend to learn to drink in the family environment, and not necessarily with friends. What it means, I would argue, is that we do our mistakes in a relatively safe context. By the time drinking with peers becomes important (e.g., in university or with colleagues), many of us know that there’s no fun in abusing alcohol and that there are better ways to prove ourselves than binge drinking. According to Barrett Seaman, author of Binge: What Your College Student Won’t Tell You, even students from the US studying at McGill University in Montreal are more likely to drink responsibly than most students he’s seen in the US. (In Montreal, McGill tends to be recognized as a place where binge drinking is most likely to occur, partly because of the presence of US students. In addition, binge drinking is becoming more conspicuous, in Qc, perhaps because of media pressure or because of influence from the US.)

All this to say that it’s rather common for a Québécois teen to at least try alcohol at a relatively age. Because of my family’s connections with Switzerland and France, we probably pushed this even further than most Québécois family. In other words, I had my first sips of alcohol at a relatively early age (I won’t tell) and, by age 16, I could distinguish different varieties of Swiss wines, during an extended trip to Switzerland. Several of these wines were produced by relatives and friends, from their own vineyards. They didn’t contain sulfites and were often quite distinctive. To this day, I miss those wines. In fact, I’d say that Swiss wines are among the best kept secrets of the wine world. Thing is, it seems that Swiss vineyards barely produce enough for local consumption so they don’t try to export any of it.

Anyhoo…

By age 18, my attitude toward alcohol was already quite similar to what it is now: it’s something that shouldn’t be abused but that can be very tasty. I had a similar attitude toward coffee, that I started to drink regularly when I was 15. (Apart from being a homebrewer and a beer geek, I’m also a homeroaster and coffee geek. Someone once called me a “Renaissance drinker.”)

When I started working in French restaurants, it was relatively normal for staff members to drink alcohol at the end of the shift. In fact, at one place where I worked, the staff meal at the end of the evening shift was a lengthy dinner accompanied by some quality wine. My palate was still relatively untrained, but I remember that we would, in fact, discuss the wine on at least some occasions. And I remember one customer, a stage director, who would share his bottle of wine with the staff during his meal: his doctor told him to reduce his alcohol consumption and the wine only came in 750ml bottles. 😉

That same restaurant might have been the first place where I tried a North American craft beer. At least, this is where I started to know about craft beer in North America. It was probably McAuslan‘s St. Ambroise Stout. But I also had opportunities to have some St. Ambroise Pale Ale. I just preferred the Stout.

At one point, that restaurant got promotional beer from a microbrewery called Massawippi. That beer was so unpopular that we weren’t able to give it away to customers. Can’t recall how it tasted but nobody enjoyed it. The reason this brewery is significant is that their license was the one which was bought to create a little microbrewery called Unibroue. So, it seems that my memories go back to some relatively early phases in Quebec’s craft beer history. I also have rather positive memories of when Brasal opened.

Somewhere along the way, I had started to pick up on some European beers. Apart from macros (Guinness, Heineken, etc.), I’m not really sure what I had tried by that point. But even though these were relatively uninspiring beers, they somehow got me to understand that there was more to beer than Molson, Labatt, Laurentide, O’Keefe, and Black Label.

The time I spent living in Switzerland, in 1994-1995, is probably the turning point for me in terms of beer tasting. Not only did I get to drink the occasional EuroLager and generic stout, but I was getting into Belgian Ales and Lambics. My “session beer,” for a while, was a wit sold in CH as Wittekop. Maybe not the most unique wit out there. But it was the house beer at Bleu Lézard, and I drank enough of it then to miss it. I also got to try several of the Trappists. In fact, one of the pubs on the EPFL campus had a pretty good beer selection, including Rochefort, Chimay, Westmalle, and Orval. The first lambic I remember was Mort Subite Gueuze, on tap at a very quirky place that remains on my mind as this near-cinematic experience.

At the end of my time in Switzerland, I took a trip to Prague and Vienna. Already at that time, I was interested enough in beer that a significant proportion of my efforts were about tasting different beers while I was there. I still remember a very tasty “Dopplemalz” beer from Vienna and, though I already preferred ales, several nice lagers from Prague.

A year after coming back to North America, I traveled to Scotland and England with a bunch of friends. Beer was an important part of the trip. Though I had no notion of what CAMRA was, I remember having some real ales in diverse places. Even some of the macro beers were different enough to merit our interest. For instance, we tried Fraoch then, probably before it became available in North America. We also visited a few distilleries which, though I didn’t know it at the time, were my first introduction to some beer brewing concepts.

Which brings me to homebrewing.

The first time I had homebrew was probably at my saxophone teacher’s place. He did a party for all of us and had brewed two batches. One was either a stout or a porter and the other one was probably some kind of blonde ale. What I remember of those beers is very vague (that was probably 19 years ago), but I know I enjoyed the stout and was impressed by the low price-quality ratio. From that point on, I knew I wanted to brew. Not really to cut costs (I wasn’t drinking much, anyway). But to try different beers. Or, at least, to easily get access to those beers which were more interesting than the macrobrewed ones.

I remember another occasion with a homebrewer, a few years later. I only tried a few sips of the beer but I remember that he was talking about the low price. Again, what made an impression on me wasn’t so much the price itself. But the low price for the quality.

At the same time, I had been thinking about all sorts of things which would later become my “hobbies.” I had never had hobbies in my life but I was thinking about homeroasting coffee, as a way to get really fresh coffee and explore diverse flavours. Thing is, I was already this hedonist I keep claiming I am. Tasting diverse things was already an important pleasure in my life.

So, homebrewing was on my mind because of the quality-price ratio and because it could allow me to explore diverse flavours.

When I moved to Bloomington, IN, I got to interact with some homebrewers. More specifically, I went to an amazing party thrown by an ethnomusicologist/homebrewer. The guy’s beer was really quite good. And it came from a full kegging system.

I started dreaming.

Brewpubs, beerpubs, and microbreweries were already part of my life. For instance, without being a true regular, I had been going to Cheval blanc on a number of occasions. And my “go to” beer had been Unibroue, for a while.

At the time, I was moving back and forth between Quebec and Indiana. In Bloomington, I was enjoying beers from Upland’s Brewing Co., which had just opened, and Bloomington Brewing Co., which was distributed around the city. I was also into some other beers, including some macro imports like Newcastle Brown Ale. And, at liquor stores around the city (including Big Red), I was discovering a few American craft beers, though I didn’t know enough to really make my way through those. In fact, I remember asking for Unibroue to be distributed there, which eventually happened. And I’m pretty sure I didn’t try Three Floyds, at the time.

So I was giving craft beer some thought.

Then, in February 1999, I discovered Dieu du ciel. I may have gone there in late 1998, but the significant point was in February 1999. This is when I tried their first batch of “Spring Equinox” Maple Scotch Ale. This is the beer that turned me into a homebrewer. This is the beer that made me changed my perspetive about beer. At that point, I knew that I would eventually have to brew.

Which happened in July 1999, I think. My then-girlfriend had offered me a homebrewing starter kit as a birthday gift. (Or maybe she gave it to me for Christmas… But I think it was summer.) Can’t remember the extent to which I was talking about beer, at that point, but it was probably a fair bit, i.e., I was probably becoming annoying about it. And before getting the kit, I was probably daydreaming about brewing.

Even before getting the kit, I had started doing some reading. The aforementioned ethnomusicologist/homebrewer had sent me a Word file with a set of instructions and some information about equipment. It was actually much more elaborate than the starter kit I eventually got. So I kept wondering about all the issues and started getting some other pieces of equipment. In other words, I was already deep into it.

In fact, when I got my first brewing book, I also started reading feverishly, in a way I hadn’t done in years. Even before brewing the first batch, I was passionate about brewing.

Thanks to the ‘Net, I was rapidly amassing a lot of information about brewing. Including some recipes.

Unsurprisingly, the first beer I brewed was a maple beer, based on my memory of that Dieu du ciel beer. However, for some reason, that first beer was a maple porter, instead of a maple scotch ale. I brewed it with extract and steeped grain. I probably used a fresh pack of Coopers yeast. I don’t think I used fresh hops (the beer wasn’t supposed to be hop-forward). I do know I used maple syrup at the end of boil and maple sugar at priming.

It wasn’t an amazing beer, perhaps. But it was tasty enough. And it got me started. I did a few batches with extract and moved to all-grain almost right away. I remember some comments on my first maple porter, coming from some much more advanced brewers than I was. They couldn’t believe that it was an extract beer. I wasn’t evaluating my extract beer very highly. But I wasn’t ashamed of it either.

Those comments came from brewers who were hanging out on the Biéropholie website. After learning about brewing on my own, I had eventually found the site and had started interacting with some local Québécois homebrewers.

This was my first contact with “craft beer culture.” I had been in touch with fellow craft beer enthusiasts. But hanging out with Bièropholie people and going to social events they had organized was my first foray into something more of a social group with its associated “mode of operation.” It was a fascinating experience. As an ethnographer and social butterfly, this introduction to the social and cultural aspects of homebrewing was decisive. Because I was moving all the time, it was hard for me to stay connected with that group. But I made some ties there and I still bump into a few of the people I met through Bièropholie.

At the time I first started interacting with the Bièropholie gang, I was looking for a brewclub. Many online resources mentioned clubs and associations and they sounded exactly like the kind of thing I needed. Not only for practical reasons (it’s easier to learn techniques in such a context, getting feedback from knowledgeable people is essential, and tasting other people’s beers is an eye-opener), but also for social reasons. Homebrewing was never meant to be a solitary experience, for me.

I was too much of a social butterfly.

Which brings me back to childhood. As a kid, I was often ostracized. And I always tried to build clubs. It never really worked. Things got much better for me after age 15, and I had a rich social life by the time I became a young adult. But, in 2000-2001, I was still looking for a club to which I could belong. Unlike Groucho, I cared a lot about any club which would accept me.

As fun as it was, Bièropholie wasn’t an actual brewclub. Brewers posting on the site mostly met as a group during an annual event, a BBQ which became known as «Xè de mille» (“Nth of 1000”) in 2001. The 2000 edition (“0th of 1000”) was when I had my maple porter tasted by more advanced brewers. Part of event was a bit like what brewclub meetings tend to be: tasting each other’s brews, providing feedback, discussing methods and ingredients, etc. But because people didn’t meet regularly as a group, because people were scattered all around Quebec, and because there wasn’t much in terms of “contribution to primary identity,” it didn’t feel like a brewclub, at least not of the type I was reading about.

The MontreAlers brewclub was formed at about that time. For some reason, it took me a while to learn of its existence. I distinctly remember looking for a Montreal-based club through diverse online resources, including the famed HomeBrew Digest. And I know I tried to contact someone from McGill who apparently had a club going. But I never found the ‘Alers.

I did eventually find the Members of Barleyment. Or, at least, some of the people who belonged to this “virtual brewclub.” It probably wasn’t until I moved to New Brunswick in 2003, but it was another turning point. One MoB member I met was Daniel Chisholm, a homebrewer near Fredericton, NB, who gave me insight on the New Brunswick beer scene (I was teaching in Fredericton at the time). Perhaps more importantly, Daniel also invited me to the Big Strange New Brunswick Brew (BSNBB), a brewing event like the ones I kept dreaming about. This was partly a Big Brew, an occasion for brewers to brew together at the same place. But it was also a very fun social event.

It’s through the BSNBB that I met MontreAlers Andrew Ludwig and John Misrahi. John is the instigator of the MontreAlers brewclub. Coming back to Montreal a few weeks after BSNBB, I was looking forward to attend my first meeting of the ‘Alers brewclub, in July 2003.

Which was another fascinating experience. Through it, I was able to observe different attitudes toward brewing. Misrahi, for instance, is a fellow experimental homebrewer to the point that I took to call him “MadMan Misrahi.” But a majority of ‘Alers are more directly on the “engineering” side of brewing. I also got to observe some interesting social dynamics among brewers, something which remained important as I moved to different places and got to observe other brewclubs and brewers meetings, such as the Chicago Beer Society’s Thirst Fursdays. Eventually, this all formed the backdrop for a set of informal observations which were the corse of a presentation I gave about craft beer and cultural identity.

Through all of these brewing-related groups, I’ve been positioning myself as an experimenter.  My goal isn’t necessarily to consistently make quality beer, to emulate some beers I know, or to win prizes in style-based brewing competitions. My thing is to have fun and try new things. Consistent beer is available anywhere and I drink little enough that I can afford enough of it. But homebrewing is almost a way for me to connect with my childhood.

There can be a “mad scientist” effect to homebrewing. Michael Tonsmeire calls himself The Mad Fermentationist and James Spencer at Basic Brewing has been interviewing a number of homebrewer who do rather unusual experiments.

I count myself among the ranks of the “Mad Brewers.” Oh, we’re not doing anything completely crazy. But slightly mad we are.

Through the selective memory of an adult with regards to his childhood, I might say that I was “always like that.” As a kid, I wanted to be everything at once: mayor, astronaut, fireman, and scholar. The researcher’s spirit had me “always try new things.” I even had a slight illusion of grandeur in that I would picture myself accomplishing all sorts of strange things. Had I known about it as a kid, I would have believed that I could solve the Poincaré conjecture. Mathematicians were strange enough for me.

But there’s something more closely related to homebrewing which comes back to my mind as I do experiments with beer. I had this tendency to do all sorts of concoctions. Not only the magic potions kids do with mud  and dishwashing liquid. But all sorts of potable drinks that a mixologist may experiment with. There wasn’t any alcohol in those drinks, but the principle was the same. Some of them were good enough for my tastes. But I never achieved the kind of breakthrough drink which would please masses. I did, however, got my experimentation spirit to bear on food.

By age nine, I was cooking for myself at lunch. Nothing very elaborate, maybe. It often consisted of reheating leftovers. But I got used to the stove (we didn’t have a microwave oven, at the time). And I sometimes cooked some eggs or similar things. To this day, eggs are still my default food.

And, like many children, I occasionally contributing to cooking. Simple things like mixing ingredients. But also tasting things at different stages in the cooking or baking process. Given the importance of sensory memory, I’d say the tasting part was probably more important in my development than the mixing. But the pride was mostly in being an active contributor in the kitchen.

Had I understood fermentation as a kid, I probably would have been fascinated by it. In a way, I wish I could have been involved in homebrewing at the time.

A homebrewery is an adult’s chemistry set.

Éloge de la courtoisie en-ligne

Nous y voilà!

Après avoir terminé mon billet sur le contact social, j’ai reçu quelques commentaires et eu d’autres occasions de réfléchir à la question. Ce billet faisait suite à une interaction spécifique que j’ai vécue hier mais aussi à divers autres événements. En écrivant ce billet sur le contact social, j’ai eu l’idée (peut-être saugrenue) d’écrire une liste de «conseils d’ami» pour les gens qui désirent me contacter. Contrairement à mon attitude habituelle, j’ai rédigé cette liste dans un mode assez impératif et télégraphique. C’est peut-être contraire à mon habitude, mais c’est un exercice intéressant à faire, dans mon cas.

Bien qu’énoncés sur un ton quasi-sentencieux, ces conseils se veulent être des idées de base avec lesquelles je travaille quand on me sollicite (ce qui arrive plusieurs fois par jour). C’est un peu ma façon de dire: je suis très facile à contacter mais voici ce que je considère comme étant des bonnes et mauvaises idées dans une procédure de contact. Ça vaut pour mes lecteurs ici, pour mes étudiants (avant que je aie rencontrés), pour des contacts indirects, etc.

Pour ce qui est du «contact social», je parlais d’un contexte plus spécifique que ce que j’ai laissé entendre. Un des problèmes, c’est que même si j’ai de la facilité à décrire ce contexte, j’ai de la difficulté à le nommer d’une façon qui soit sans équivoque. C’est un des mondes auxquels je participe et il est lié à l’«écosystème geek». En parlant de «célébrité» dans le billet sur le contact social, je faisais référence à une situation assez précise qui est celle de la vie publique de certaines des personnes qui passent le plus clair de leur temps en-ligne. Les limites sont pas très claires mais c’est un groupe de quelques millions de personnes, dont plusieurs Anglophones des États-Unis, qui entrent dans une des logiques spécifiques de la socialisation en-ligne. Des gens qui vivent et qui oeuvrent dans le média social, le marketing social, le réseau social, la vie sociale médiée par les communications en-ligne, etc.

Des «socialiseurs alpha», si on veut.

C’est pas un groupe homogène, loi de là. Mais c’est un groupe qui a ses codes, comme tout groupe social. Certains individus enfreignent les règles et ils sont ostracisés, parfois sans le savoir.

Ce qui me permet de parler de courtoisie.

Un des trucs dont on parle beaucoup dans nos cours d’introduction, en anthropologie culturelle, c’est la diversité des normes de politesse à l’échelle humaine. Pas parce que c’est une partie essentielle de nos recherches, mais c’est souvent une façon assez efficace de faire comprendre des concepts de base à des gens qui n’ont pas (encore) de formation ethnographique ou de regard anthropologique. C’est encore plus efficace dans le cas d’étudiants qui ont déjà été formés dans une autre discipline et qui ont parfois tendance à ramener les concepts à leur expérience personnelle (ce qui, soit dit en passant, est souvent une bonne stratégie d’apprentissage quand elle est bien appliquée). L’idée de base, c’est qu’il n’y a pas d’«universal», de la politesse (malgré ce que disent Brown et Levinson). Il n’y a pas de règle universelle de politesse qui vaut pour l’ensemble de la population humaine, peu importe la distance temporelle ou culturelle. Chaque contexte culturel est bourré de règles de politesse, très souvent tacites, mais elles ne sont pas identiques d’un contexte à l’autre. Qui plus est, la même règle, énoncée de la même façon, a souvent des applications et des implications très différentes d’un contexte à l’autre. Donc, en contexte, il faut savoir se plier.

En classe, il y en a toujours pour essayer de trouver des exceptions à cette idée de base. Mais ça devient un petit jeu semi-compétitif plutôt qu’un réel processus de compréhension. D’après moi, ç’a un lien avec ce que les pédagogues anglophones appellent “Ways of Knowing”. Ce sont des gens qui croient encore qu’il n’existe qu’une vérité que le prof est en charge de dévoiler. Avec eux, il y a plusieurs étapes à franchir mais ils finissent parfois par passer à une compréhension plus souple de la réalité.

Donc, une fois qu’on peut travailler avec cette idée de base sur la non-universalité de règles de politesse spécifiques, on peut travailler avec des contextes dans lesquelles la politesse fonctionne. Et elle l’est fonctionnelle!

Mes «conseils d’ami» et mon «petit guide sur le contact social en-ligne» étaient à inscrire dans une telle optique. Mon erreur est de n’avoir pas assez décrit le contexte en question.

Si on pense à la notion de «blogosphère», on a déjà une idée du contexte. Pas des blogueurs isolés. Une sphère sociale qui est concentrée autour du blogue. Ces jours-ci, à part le blogue, il y a d’autres plates-formes à travers lesquelles les gens dont je parle entretiennent des rapports sociaux plus ou moins approfondis. Le micro-blogue comme Identi.ca et Twitter, par exemple. Mais aussi des réseaux sociaux comme Facebook ou même un service de signets sociaux comme Digg. C’est un «petit monde», mais c’est un groupe assez influent, puisqu’il lie entre eux beaucoup d’acteurs importants d’Internet. C’est un réseau tentaculaire, qui a sa présence dans divers milieux. C’est aussi, et c’est là que mes propos peuvent sembler particulièrement étranges, le «noyau d’Internet», en ce sens que ce sont des membres de ce groupe qui ont un certain contrôle sur plusieurs des choses qui se passent en-ligne. Pour utiliser une analogie qui date de l’ère nationale-industrielle (le siècle dernier), c’est un peu comme la «capitale» d’Internet. Ou, pour une analogie encore plus vieillotte, c’est la «Métropole» de l’Internet conçu comme Empire.

Donc, pour revenir à la courtoisie…

La spécificité culturelle du groupe dont je parle a créé des tas de trucs au cours des années, y compris ce qu’ils ont appelé la «Netiquette» (de «-net» pour «Internet» et «étiquette»). Ce qui peut contribuer à rendre mes propos difficiles à saisir pour ceux qui suivent une autre logique que la mienne, c’est que tout en citant (et apportant du support à) certaines composantes de cette étiquette, je la remets en contexte. Personnellement, je considère cette étiquette très valable dans le contexte qui nous préoccupe et j’affirme mon appartenance à un groupe socio-culturel précis qui fait partie de l’ensemble plus vaste auquel je fais référence. Mais je conserve mon approche ethnographique.

La Netiquette est si bien «internalisée» par certains qu’elles semblent provenir du sens commun (le «gros bon sens» dont je parlais hier). C’est d’ailleurs, d’après moi, ce qui explique certaines réactions très vives au bris d’étiquette: «comment peux-tu contrevenir à une règle aussi simple que celle de donner un titre clair à ton message?» (avec variantes plus insultantes). Comme j’ai tenté de l’expliquer en contexte semi-académique, une des bases du conflit en-ligne (la “flame war”), c’est la difficulté de se ressaisir après un bris de communication. Le bris de communication, on le tient pour acquis, il se produit de toutes façons. Mais c’est la façon de réétablir la communication qui change tout.

De la même façon, c’est pas tant le bris d’étiquette qui pose problème. Du moins, pas l’occasion spécifique de manquement à une règle précise. C’est la dynamique qui s’installe suite à de nombreux manquements aux «règles de base» de la vie sociale d’un groupe précis. L’effet immédiat, c’est le découpage du ‘Net en plus petites factions.

Et, personnellement, je trouve dommage ce fractionnement, cette balkanisation.

Qui plus est, c’est dans ce contexte que, malgré mon relativisme bien relatif, j’assigne le terme «éthique» à mon hédonisme. Pas une éthique absolue et rigide. Mais une orientation vers la bonne entente sociale.

Qu’on me comprenne bien (ça serait génial!), je me plains pas du comportement des gens, je ne jugent pas ceux qui se «comportent mal» ou qui enfreignent les règles de ce monde dans lequel je vis. Mais je trouve utile de parler de cette dynamique. Thérapeutique, même.

La raison spécifique qui m’a poussé à écrire ce billet, c’est que deux des commentaires que j’ai reçu suite à mes billets d’hier ont fait appel (probablement sans le vouloir) au «je fais comme ça me plaît et ça dérange personne». Là où je me sens presqu’obligé de dire quelque-chose, c’est que le «ça dérange personne» me semblerait plutôt myope dans un contexte où les gens ont divers liens entre eux. Désolé si ça choque, mais je me fais le devoir d’être honnête.

D’ailleurs, je crois que c’est la logique du «troll», ce personnage du ‘Net qui prend un «malin plaisir» à bousculer les gens sur les forums et les blogues. C’est aussi la logique du type macho qui se plaît à dire: «Je pince les fesses des filles. Dix-neuf fois sur 20, je reçois une baffe. Mais la vingtième, c’est la bonne». Personnellement, outre le fait que je sois féministe, j’ai pas tant de problèmes que ça avec cette idée quand il s’agit d’un contexte qui le permet (comme la France des années 1990, où j’ai souvent entendu ce genre de truc). Mais là où ça joue pas, d’après moi, c’est quand cette attitude est celle d’un individu qui se meut dans un contexte où ce genre de chose est très mal considéré (par exemple, le milieu cosmopolite contemporain en Amérique du Nord). Au niveau individuel, c’est peut-être pas si bête. Mais au niveau social, ça fait pas preuve d’un sens éthique très approfondi.

Pour revenir au «troll». Ce personnage quasi-mythique génère une ambiance très tendue, en-ligne. Individuellement, il peut facilement considérer qu’il est «dans son droit» et que ses actions n’ont que peu de conséquences négatives. Mais, ce qui se remarque facilement, c’est que ce même individu tolère mal le comportement des autres. Il se débat «comme un diable dans le bénitier», mais c’est souvent lui qui «sème le vent» et «récolte la tempête». Un forum sans «troll», c’est un milieu très agréable, “nurturing”. Mais il n’est besoin que d’un «troll» pour démolir l’atmosphère de bonne entente. Surtout si les autres membres du groupes réagissent trop fortement.

D’ailleurs, ça me fait penser à ceux qui envoient du pourriel et autres Plaies d’Internet. Ils ont exactement la logique du pinceur de femmes, mais menée à l’extrême. Si aussi peu que 0.01% des gens acceptent le message indésirable, ils pourront en tirer un certain profit à peu d’effort, peu importe ce qui affecte 99.99% des récipiendaires. Tant qu’il y aura des gens pour croire à leurs balivernes ou pour ouvrir des fichiers attachés provenant d’inconnus, ils auront peut-être raison à un niveau assez primaire («j’ai obtenu ce que je voulais sans me forcer»). Mais c’est la société au complet qui en souffre. Surtout quand on parle d’une société aussi diversifiée et complexe que celle qui vit en-ligne.

C’est intéressant de penser au fait que la culture en-ligne anglophone accorde une certaine place à la notion de «karma». Depuis une expression désignant une forme particulière de causalité à composante spirituelle, cette notion a pris, dans la culture geek, un acception spécifique liée au mérite relatif des propos tenus en-ligne, surtout sur le vénérable site Slashdot. Malgré le glissement de sens de causalité «mystique» à évaluation par les pairs, on peut lier les deux concepts dans une idée du comportement optimal pour la communication en-ligne: la courtoisie.

Les Anglophones ont tendance à se fier, sans les nommer ou même les connaître, aux maximes de Grice. J’ai beau percevoir qu’elles ne sont pas universelles, j’y vois un intérêt particulier dans le contexte autour duquel je tourne. L’idée de base, comme le diraient Wilson et Sperber, est que «tout acte de communication ostensive communique la présomption de sa propre pertinence optimale». Cette pertinence optimale est liée à un processus à la fois cognitif et communicatif qui fait appel à plusieurs des notions élaborées par Grice et par d’autres philosophes du langage. Dans le contexte qui m’intéresse, il y a une espèce de jeu entre deux orientations qui font appel à la même notion de pertinence: l’orientation individuelle («je m’exprime») souvent légaliste-réductive («j’ai bien le droit de m’exprimer») et l’orientation sociale («nous dialoguons») souvent éthique-idéaliste («le fait de dialoguer va sauver le monde»).

Aucun mystère sur mon orientation préférée…

Par contre, faut pas se leurrer: le fait d’être courtois, en-ligne, a aussi des effets positifs au niveau purement individuel. En étant courtois, on se permet très souvent d’obtenir de réels bénéfices, qui sont parfois financiers (c’est comme ça qu’on m’a payé un iPod touch). Je parle pas d’une causalité «cosmique» mais bien d’un processus précis par lequel la bonne entente génère directement une bonne ambiance.

Bon, évidemment, je semble postuler ma propre capacité à être courtois. Il m’arrive en fait très souvent de me faire désigner comme étant très (voire trop) courtois. C’est peut-être réaliste, comme description, même si certains ne sont peut-être pas d’accord.

À vous de décider.

Manufacturing Taste

In a comment to my rant on naysaying, Carl Dyke posted the following link (to a Josh Ellis piece from 2003):

Mindjack – Taste Tribes

The piece itself is rather unremarkable. Although, it does contain comments about a few things which became important topics in the meantime such as recommendation systems and the importance of music listeners for individual artists. I’m not too concerned about the piece and I realize it’s “nothing new.” It mostly made me think about a number of things about which I’ve been meaning to blog.

I could react to the use of the term “tribe.” And there are obvious things to say in terms of social groups (family resemblance, community of experience, community of practice, communitas, homogamy, in-group knowledge, social network analysis, etc.).

But I guess my take is at the same time more personal and more cultural.

Contrary to what my Facebook profile may lead some people to believe, I am not a fan of anything or anyone. I’m not saying that I don’t like things or people. I do. In fact, I pretty much like everyone. But fandom isn’t my thing. Neither is fanboyism. So I don’t relate so well to Ellis’s description of networks based on appreciation of a band. Sure, in the past, I’ve participated in similar groups, such as online discussions about one of my favorite tv shows (which still has a fairly active online fanbase). And I did join several Facebook groups about things or people I like. But my personal attitude makes me react rather negatively to fanclubs and the kind of “taste-based community” Ellis so regrettably called “taste tribes.”

Nobody’s fault but my own. I just feel these groups tend to be too restrictive, too inward-looking and, well, too opinion-based.

I’m too much of a social butterfly to spend much time in any one of these groups. My engagement to a group of people can run deeply and my allegiance and faithfulness are sometimes rather strong. But I don’t like to restrict myself to certain groups.

Maybe I’m an “alpha socialiser” after all.

The cultural dimension also seems quite important to me, but it’s harder to explain without giving off the wrong signals. Not only do I react to what I perceive to be abuses of “pop culture references” (in part because I find them exclusionary), but I perceive a kind of culturally significant attachment to individual “cultural items” (“media,” as Ellis seems to call them) in “English-speaking North American popular culture.” I’m not saying that this tendency doesn’t exist in any other context. In fact, it’s likely a dimension of any “popular culture.” But this tendency is quite foreign to me. The fact that I conceive of myself as an outside observer to popular culture makes me associate the tendency with the common habits shared by a group I’m not a member of.

I’m sure I’ll post again about this. But my guess is that somewhat shorter blog entries encourage more discussion. Given the increasing number of comments I’m getting, it might be cool to tap my readership’s insight a bit more. One thing I’ve often noticed is that my more knee-jerk posts are often more effective.

So here goes.

Jobs and Satisfaction

This one is more of a web log entry than my usual ramblings.

Executive Summary: Life Is Good.

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