Café à la québécoise

J’ai récemment publié un très long billet sur la scène du café à Montréal. Sans doûte à cause de sa longueur, ce billet ne semble pas avoir les effets escomptés. J’ai donc décidé de republier ce billet, section par section. Ce billet est la troisième section après l’introduction et une section sur les cafés italiens de Montréal. Cette section se concentre sur une certaine spécificité québécoise de la scène montréalaise du café.

La scène du café à Montréal comporte plusieurs autres institutions qui ne correspondent pas vraiment à l’image du café italien. Certains de ces endroits peuvent même servir de base à la «Renaissance du café à Montréal».

Dans l’ensemble, je dirais que ces cafés sont typiquement québécois. Pas que ces cafés soient vraiment exclusifs au Québec mais il y a quelque-chose de reconnaissable dans ces cafés qui me fait penser au goût québécois pour le café.

Comme les intellos de Montréal ont longtemps eu tendance à s’identifier à la France, certains de ces cafés ont une tendance française, voire parisienne. Pas qu’on y sert des larges bols de “café au lait” (à base de café filtre) accompagnés de pain sec. Mais le breuvage de base ressemble plus au café français qu’au café italien.

D’après moi, la référence à la France a eu beaucoup d’influence sur la perception des cafés montréalais par des gens de l’extérieur. Pour une large part, cette référence était plutôt une question d’ambiance qu’une question de caractéristiques gustatives et olfactives précises. Dans un café montréalais, des Nord-Américains ayant passé du temps en France pouvaient se «rappeler l’Europe». La Rive-Gauche à l’Ouest de l’Atlantique.

Pour revenir au mode «mémoires», je pense tout d’abord à la Brûlerie Saint-Denis comme institution montréalaise de ce type. Vers la fin de mon adolescence, c’est par l’entremise de la compagne de mon frère (qui y travaillait) que j’ai connu la Brûlerie. À l’époque, il s’agissait d’un café isolé (au cœur du Plateau, qui n’était pas encore si «chromé») et non d’une chaîne avec des succursales dispersées. Ce dont je me rappelle est assez représentatif d’une certaine spécificité québécoise: un «allongé» de qualité.

L’allongé (ou «espresso allongé») n’est pas exclusif au Québec mais c’est peut-être le breuvage le plus représentatif d’un goût québécois pour le café.

En Amérique du Nord, hors du Québec, l’allongé a généralement mauvaise réputation. Selon plusieurs, il s’agit d’une surextraction de l’espresso. Avec la même quantité de café moulu que pour un espresso à l’italienne d’une once, on produit un café de deux onces ou plus en laissant l’eau passer dans le café. «Toute chose étant égale par ailleurs», une telle surextraction amène dans la tasse des goûts considérés peu agréables, comme une trop grande amertume, voire de l’astringence. En même temps, la quantité de liquide dans la tasse implique une dillution extrême et on s’attend à un café «aqueux», peu goûteux.

Pourtant, je me rappelle de multiples allongés, presque tous dégustés au Québec, qui étaient savoureux sans être astringents. Selon toute logique, ce doit être parce que la mouture du café et le mélange de grains de café ont été adaptés à la réalisation d’un allongé de qualité. Ce qui implique certaines choses pour l’«espresso serré» (ou «espresso court», donc non-allongé) s’il est réalisé avec la même mouture et le même mélange. Même à Montréal, il est rare d’avoir dans le même café un excellent espresso court et un excellent allongé.

Mais parmi les Montréalais amateurs de café, l’allongé «a la cote» et les cafés montréalais typiques font généralement un bon allongé.

Selon mon souvenir, l’allongé de la Brûlerie Saint-Denis était de qualité. J’ai eu de moins bonnes expériences à la Brûlerie depuis que l’entreprise a ouvert d’autres succursales, mais c’est peut-être un hasard.

Une autre institution de la scène montréalaise du café, situé sur le Plateau comme la Brûlerie Saint-Denis à l’origine, c’est le café Aux Deux Marie. Le Deux Marie aujourd’hui ressemble beaucoup à mon souvenir de la Brûlerie Saint-Denis. Comme à la Brûlerie, j’y ai bu des allongés de qualité. C’est au Deux Marie que j’ai découvert certains «breuvages de spécialité» (“specialty drinks”, comme les appelle le World Barista Championship). Ces breuvages, à base d’espresso, contiennent des fruits, des épices, du chocolat et d’autres ingrédients. Si je me rappelle bien, la Brûlerie fait le même genre de breuvage mais je ne me rappelle pas en avoir remarqué, il y a une vingtaine d’années.

Il y a plusieurs autres «cafés à la québécoise». Dans les institutions connues, il y a La Petite Ardoise (tout près d’Outremont, sur Laurier). C’est d’ailleurs mon premier lieu de travail puisque j’y ai été plongeur, à la fin du secondaire (1988-9). C’est un «café bistro terrasse» assez typique de la scène culinaire montréalaise. Le cappuccino et l’allongé étaient très populaires (si je me rappelle bien, on les appelait «capp» et «all», respectivement). Et je me rappelle distinctement d’une cliente d’un autre café s’enquérir de la présence du «mélange de la Petite Ardoise». Honnêtement, je n’ai aucune idée sur ce que ce mélange comprenait ni sur la maison de torréfaction qui le produisait. Ma mémoire olfactive conserve la trace du «café de la Petite», surtout que le café était la seule chose que je pouvais consommer gratuitement quand j’y travaillais. La dernière fois que j’ai bu un café à La Petite Ardoise, il a titillé ma mémoire gustative mais je crois quand même qu’il a beaucoup changé, au cours des vingt dernières années.

Une autre institution typique, le Santropol (qui est aussi connu pour ses sandwiches et tisanes). Il y a quelques années, le Santropol a commencé à torréfier du café à large échelle et leurs cafés sont désormais disponibles dans les épiceries. Mon souvenir du café au Santropol se mêle à l’image du restaurant lui-même mais je crois me rappeler qu’il était assez représentatif du café à la québécoise.

Il y a plusieurs autres endroit que j’aurais tendance à mettre dans la catégorie «café à la québécoise», depuis La Petite Patrie jusqu’à Westmount, en passant par Villeray et Saint-Henri. Mais l’idée de base est surtout de décrire un type d’endroit. Il y a une question d’ambiance qui entre en ligne de compte mais, du côté du goût du café, la qualité de l’allongé est probablement le facteur le plus déterminant.

Ce qui surprend les plus les amateurs de café (surtout ceux qui ne sont pas nés à Montréal), c’est de savoir que j’ai dégusté des allongés de qualité dans un café de la chaîne Café Dépôt. Pour être honnête, j’étais moi-même surpris, la première fois. En général, les chaînes ont énormément de difficulté à faire du café de très haute qualité, surtout si on considère la nécessité de fournir toutes les succursales avec le même café. Mais je suis retourné à la même succursale de Café Dépôt et, à plusieurs reprises, j’ai pu boire un allongé qui correspond à mes goûts. D’ailleurs, j’aurais dit la même chose de certains cafés dégustés à une succursale de la chaîne Van Houtte. Mais c’était il y a plus de dix ans et Van Houtte semble avoir beaucoup changé depuis.

L'héritage italien des cafés montréalais

J’ai récemment publié un très long billet sur la scène du café à Montréal. Sans doûte à cause de sa longueur, ce billet ne semble pas avoir les effets escomptés. J’ai donc décidé de republier ce billet, section par section. Ce billet est la deuxième section après l’introduction. Cette section se concentre sur la dimension italienne de la scène montréalaise du café.

Comme beaucoup de grandes villes nord-américaines, Montréal a longtemps bénéficié de la présence d’une importante communauté italienne. Les quartiers italiens de Montréal et de ses environs sont d’une vitalité qui fait plaisir à voir, pour quiconque s’intéresse à la vie communautaire. J’ai d’ailleurs lu plusieurs travaux d’étudiants basés sur des Italiens de Montréal et un sens de vie commune était une constante dans tous ces travaux. Pour être franc, j’ai une bouffée de sympathie simplement à penser à tout ça. Peut-être parce que mon arrière-grand-père biologique était un Cerruti? 😉

Donc, il y a un peu d’Italie à Montréal et les Italiens ont su bâtir des communautés serrées. La présence de cafés italiens aux quatre coins de la ville n’a donc rien de surprenant. Mais les implications de cette présence mérite discussion, en ce qui a trait au café.

Faut dire que je suis un peu biaisé. J’ai vraiment découvert le café lors d’un séjour en Suisse, mais c’est en partie grâce à des Italiens que j’avais été initié. Un doux souvenir d’enfance, c’est de me faire servir un pseudo-cappuccino (avec très peu de café) par le cafetier du supermarché Latina, à Cartierville. J’avais aussi le plaisir d’aller manger de la granita maison dans certains cafés italiens disperés à travers la ville. Donc, le simple fait de parler de cafés italiens me rend nostalgique.

Parlant de nostalgie, une institution montréalaise est le Caffè Italia (6840 Saint-Laurent, au cœur de la Petite-Italie). Et c’est un café assez typique de la dimension italienne de la scène montréalaise du café. C’est aussi un des cafés montréalais les plus typiques: non seulement a-t-il été utilisé comme décor pour plusieurs séries télévisées mais son nom a donné son titre à un fascinant documentaire sur les Italiens de Montréal. Le thème musical de ce film, une jolie pièce d’accordéon, a souvent été diffusée sur les ondes de Radio-Canada et a probablement contribué à ma nostalgie.

Mais je pense aussi au Caffè Italia pour son café. Mon père m’y amenait parfois, quand j’étais adolescent, et les cafés au lait que j’y ai bus ont été une base importante de mon appréciation du café.

Au cours des dernières années, près de vingt ans après l’avoir «découvert», je suis retourné au Caffè Italia à quelques reprises. Le café a pratiquement le même goût que dans mes souvenirs et l’ambiance est tout aussi typique. Ce n’est que l’année dernière, plus de dix ans après avoir passé quelques jours à Sienne, que j’ai pu remarquer qu’il y avait du panforte au Caffè Italia.

Le café du Caffè Italia est assez typique de l’espresso à l’italienne. «Mais c’est italien, l’espresso!» Oui, à l’origine. Comme certaines formes de pâtes alimentaires (qui proviennent originellement d’Asie). Mais si l’espresso est toujours associé à l’Italie dans l’esprit de plusieurs, il y a aujourd’hui d’autres conceptions de ce que peut être un espresso. C’est d’ailleurs une des bases de ce que j’essaie de décrire en ce qui concerne la scène du café à Montréal: il nous est désormais possible de déguster tant de l’espresso à l’italienne que d’autres cafés, y compris certains qui méritent pleinement l’appellation «espresso».

Donc, l’espresso à l’italienne, c’est quoi? Sans trop entrer dans le détail technique pour l’instant, c’est généralement un breuvage d’environ une once liquide préparé avec 7 g d’un mélange de cafés arabica et robusta sur une machine à espresso. Généralement, l’espresso à l’italienne peut avoir une amertume assez prononcée. Il est courant de mettre une petite quantité de sucre dans un espresso à l’italienne. Ce même espresso est la base du cappuccino et du «café au lait à l’italienne» (“caffè latte” en italien et en anglais; “café au lait” désigne autre chose en anglais). Ce «café au lait» consiste en un mélange homogène de lait chaud et d’espresso avec, contrairement à l’espresso, peu ou pas de lait moussé.

Enfin, trêve de digressions… 😉

En plus du Caffè Italia, plusieurs cafés de Montréal font l’espresso à l’italienne. Chez les amateurs anglophones de café, deux institutions situées au cœur du Mile-End sont probablement les plus connues: Café Olimpico (aussi appelé “Open Da Night” et “Olympico“) et  Club Social. De mon point de vue, les cafés du Caffè Italia, du Club Social et du Café Olimpico sont assez semblables. J’ai l’impression que la qualité était un peu plus constante chez Olimpico qu’aux deux autres, mais c’est peut-être un hasard.

Mais il y a un grand nombre d’autres cafés italiens à Montréal. Près d’où j’habitais, dans La Petite-Patrie, il y a le Café Genova qui est un digne représentant du «petit café de quartier». À mon avis, le Café Genova est même plus typique que les institutions susmentionnées.

Je pense aussi à plusieurs autres cafés dans différents coins de la ville, de Cartierville à Saint-Léonard, d’Ahuntsic à Outremont. Mais l’idée, ici, c’est pas de faire une liste des cafés de Montréal mais bien de décrire une dimension de la scène montréalaise du café.

Certains de ces cafés attirent une clientèle très locale. Au point qu’il est parfois étrange d’entrer dans un de ces cafés si on n’y connaît personne. C’est d’ailleurs une expérience ethnographique que j’aime bien, qui me fait sentir le sens de communauté. On se fait examiner des pieds à la tête et on nous adresse la parole de façon assez distante. Mais derrière une certaine froideur apparente, on devine un sentiment d’appartenance.

Un aspect intéressant à considérer, c’est que les Italiens de Montréal proviennent surtout du Sud de l’Italie. Puisque la division Nord-Sud de l’Italie est fortement marquée (y compris du point de vue linguistique), l’origine de l’immigration italienne peut être assez pertinente dans toute discussion de cette communauté. Pour le café, d’aucuns disent que les cafés du Sud de l’Italie sont de moins haute qualité que ceux du Nord. N’ayant visité que quelques endroits du Nord de l’Italie (et aucun au Sud), je ne saurais me prononcer. Mais «la rumeur veut que» le café italien montréalais soit moins impressionnant que d’autres cafés italiens à cause de la majorité «sudiste». Ça pourrait expliquer certaines différences que j’ai pu remarqué entre des cafés dégustés en Italie et ce qu’on peut boire dans les cafés italiens de Montréal, mais ça demanderait une analyse plus approfondie.

(Étrangement, j’ai l’impression que tout commentaire laissé sur ce billet va se concentrer sur ce petit détail. Ça serait un peu dommage mais je vais laisser le paragraphe en place, au risque d’avoir des commentaires moins stimulants que ce que j’aimerais avoir…)

Café à la montréalaise: introduction

J’ai récemment publié un très long billet sur la scène du café à Montréal. Sans doûte à cause de sa longueur, ce billet ne semble pas avoir les effets escomptés. J’ai donc décidé de republier ce billet, section par section. Tout d’abord, l’introduction.

Montréal est en passe de (re)devenir une destination pour le café. Mieux encore, la «Renaissance du café à Montréal» risque d’avoir des conséquences bénéfiques pour l’ensemble du milieu culinaire de la métropole québécoise.

Cette thèse peut sembler personnelle et je n’entends pas la proposer de façon dogmatique. Mais en me mêlant au milieu du café à Montréal, j’ai accumulé un certain nombre d’impressions qu’il me ferait plaisir de partager. Il y a même de la «pensée magique» dans tout ça en ce sens qu’il me semble plus facile de rebâtir la scène montréalaise du café si nous avons une idée assez juste de ce qui constitue la spécificité montréalaise.

Je ne tente pas de dire que Montréal devrait être la «capitale du café» ou que Montréal a de l’importance dans le domaine du café. Mais ma ville natale me sert de cas de figure dans l’observation d’une scène culinaire.

Qui suis-je?

D’ailleurs, qui suis-je pour parler ainsi? Essentiellement, un ethnographe montréalais et un avide amateur de café, un «geek de café».

Pour être clair: mon intérêt pour le café est très personnel mais il est fondamental dans ma vie. «Je vis le café». Par contre, je ne suis pas un professionnel du café en ce sens que je n’ai jamais été payé pour quelque activité que ce soit ayant trait au café. J’ai aujourd’hui 36 ans et je bois régulièrement du café depuis l’âge de quinze ans (donc, depuis 1987). Ce qui peut expliquer quelques références nostalgiques à mon adolescence… 😉

Ce qui est amusant, c’est que depuis quelques années j’ai acquis une certaine notoriété dans le milieu du café. Oh, c’est pas grand-chose! Les professionnels du café ne parlent pas de moi entre eux et je n’apparais pas dans des revues spécialisées. Mais mon expertise personnelle sur le café a été reconnue à certaines occasions. J’en tirerais une certaine fierté si ce n’était du fait que tout ce que j’ai fait dans le milieu du café était «tout naturel» pour moi.

Si j’explique tout ça, c’est pas du tout pour me mettre en valeur mais pour donner un certain contexte. Une espèce d’«avertissement» (au sens de “disclaimer“).

Ma formation en ethnographie provient de disciplines académiques (surtout l’anthropologie et la folkloristique) mais j’adopte ici un rôle d’«ethnographe public». Donc, si mes observations sont basées sur une formation académique, elles sont ici effectuées dans un contexte informel, exploratoire. Et c’est quoi, l’ethnographie? Le terme réfère à plusieurs choses mais, essentiellement, c’est un travail de description culturelle. Notre approche de base est l’«observation participante» et je peux dire que j’ai à la fois observé et participé à diverses activités de scènes du café.

Parlant de «scènes de café»… J’aime bien le concept, parce qu’il sous-entend une certaine cohérence sociale (un groupe de gens avec des intérêts communs, dans ce cas-ci) sans évoquer l’homogénéité. La scène montréalaise du café est d’ailleurs assez diversifiée.

Et c’est la base de ce que j’essaie de décrire: la spécificité montréalaise en matière de café passe beaucoup par la diversité.

Pour facilité la lecture, j’ai décidé de diviser ma description en sections.

Student Engagement: The Gym Analogy (Updated: Credited)

Heard about this recently and probably heard it before. It’s striking me more now than before, for some reason.

[Update: I heard about this analogy through Peace Studies scholar Laurie Lamoureux Scholes (part-time faculty and doctoral candidate in Religion at Concordia University). Lamoureux Scholes’s colleague John Bilodeau is the intermediate source for this analogy and may have seen it on the RateYourStudents blog. There’s nothing like giving credit where credit is due and I’m enough of a folklorist to care about transmission. Besides, the original RYS gym-themed blog entry can be quite useful.]

Those of us who teach at universities and colleges (especially in North America and especially among English-speakers, I would guess) have encountered this “sense of entitlement” which has such deep implications in the ways some students perceive learning. Some students feel and say that, since they (or their parents) pay large sums for their post-secondary education, they are entitled to a “special treatment” which often involves the idea of getting high grades with little effort.

In my experience, this sense of entitlement correlates positively with the prestige of the institution. Part of this has to do with tuition fees required by those universities and colleges. But there’s also the notion that, since they were admitted to a program at such a selective school, they must be the “cream of the crop” and therefore should be treated with deference. Similarly, “traditional students” (18-25) are in my experience more likely to display a sense of entitlement than “non-traditional students” (older than 25) who have very specific reasons to attend a college or university.

The main statements used by students in relation to their sense of entitlement usually have some connection to tuition fees perceived to transform teaching into a hired service, regardless of other factors. “My parents pay a lot of money for your salary so I’m allowed to get what I want.” (Of course, those students may not realize that a tiny fraction of tuition fees actually goes in the pocket of the instructor, but that’s another story.) In some cases, the parents can easily afford that amount paid in tuitions but the statements are the same. In other cases, the statements come from the notion that parents have “worked very hard to put me in school.” The results, in terms of entitlement, are quite similar.

Simply put, those students who feel a strong sense of entitlement tend to “be there for the degree” while most other students are “there to learn.”

Personally, I tend to assume students want to learn and I value student engagement in learning processes very highly. As a result, I often have a harder time working with students with a sense of entitlement. I can adapt myself to work with them if I assess their positions early on (preferably, before the beginning of a semester) but it requires a good deal of effort for me to teach in a context in which the sense of entitlement is “endemic.” In other words, “I can handle a few entitled students” if I know in advance what to expect but I find it demotivating to teach a group of students who “are only there for the degree.”

A large part of my own position has to do with the types of courses I have been teaching (anthropology, folkloristics, and sociology) and my teaching philosophy also “gets in the way.” My main goal is a constructivist one: create an appropriate environment, with students, in which learning can happen efficiently. I’m rarely (if ever) trying to “cram ideas into students’ heads,” though I do understand the value of that type of teaching in some circumstances. I occasionally try to train students for a task but my courses have rarely been meant to be vocational in that sense (I could certainly do vocational training, in which case I would adapt my methods).

So, the gym analogy. At this point, I find it’s quite fitting as an answer to the “my parents paid for this course so I should get a high grade.”

Tuition fees are similar to gym membership: regardless of the amount you pay, you can only expect results if you make the effort.

Simple and effective.

Of course, no analogy is perfect. I think the “effort” emphasis is more fitting in physical training than in intellectual and conceptual training. But, thankfully, the analogy does not imply that students should “get grades for effort” more than athletes assume effort is sufficient to improve their physical skills.

One thing I like about this analogy is that it can easily resonate with a large category of students who are, in fact, the “gym type.” Sounds irrelevant but the analogy is precisely the type of thing which might stick in the head of those students who care about physical training (even if they react negatively at first) and many “entitled students” have a near Greek/German attitude toward their bodies. In fact, some of the students with the strongest sense of entitlement are high-profile athletes: some of them sound like they expect to have minions to take exams for them!

An important advantage of the gym analogy, in a North American context, is that it focuses on individual responsibility. While not always selfish, the sense of entitlement is self-centred by definition. Given the North American tendency toward independence training and a strong focus on individual achievement in North American academic institutions, the “individualist” character of the sense of entitlement shouldn’t surprise anyone. In fact, those “entitled students” are unlikely to respond very positively to notions of solidarity, group learning, or even “team effort.”

Beyond individual responsibility, the gym analogy can help emphasise individual goals, especially in comparison to team sports. In North America, team sports play a very significant role in popular culture and the distinction between a gym and a sports team can resonate in a large conceptual field. The gym is the locale for individual achievement while the sports team (which could be the basis of another analogy) is focused on group achievement.

My simplest definition of a team is as “a task-oriented group.” Some models of group development (especially Tuckman’s catchy “Forming, Storming, Norming, Performing“) are best suited in relation to teams. Task-based groups connect directly with the Calvinistic ideology of progress (in a Weberian perspective), but they also embed a “community-building” notion which is often absent from the “social Darwinism” of some capital-driven discourse. In other words, a team sports analogy could have some of the same advantages as the gym analogy (such as a sense of active engagement) with the added benefit of bringing into focus the social aspects of learning.

Teamwork skills are highly valued in the North American workplace. In learning contexts, “teamwork” often takes a buzzword quality. The implicit notion seems to be that the natural tendency for individuals to work against everybody else but that teams, as unnatural as they may seem, are necessary for the survival of broad institutions (such as the typical workplace). In other words, “learning how to work well in teams” sounds like a struggle against “human nature.” This implicit perspective relates to the emphasis on “individual achievement” and “independence training” represented effectively in the gym analogy.

So, to come back to that gym analogy…

In a gym, everyone is expected to set her or his own goals, often with the advice of a trainer. The notion is that this selection of goals is completely free of outside influence save for “natural” goals related to general health. In this context, losing weight is an obvious goal (the correlation between body mass and health being taken as a given) but it is still chosen by the individual. “You can only succeed if you set yourself to succeed” seems to be a common way to put it. Since this conception is “inscribed in the mind” of some students, it may be a convenient tool to emphasise learning strategies: “you can only learn if you set yourself to learn.” Sounds overly simple, but it may well work. Especially if we move beyond the idea some students have that they’re so “smart” that they “don’t need to learn.”

What it can imply in terms of teaching is quite interesting. An instructor takes on the role of a personal trainer. Like a sports team’s coach, a trainer is “listened to” and “obeyed.” There might be a notion of hierarchy involved (at least in terms of skills: the trainer needs to impress), but the main notion is that of division of labour. Personally, I could readily see myself taking on the “personal trainer” role in a learning context, despite the disadvantages of customer-based approaches to learning. One benefit of the trainer role is that what students (or their parents) pay for is a service, not “learning as a commodity.”

Much of this reminds me of Alex Golub’s blogpost on “Factory, Lab, Guild, Studio” notions to be used in describing academic departments. Using Golub’s blogpost as inspiration, I blogged about departments, Samba schools, and the Medici Effect. In the meantime, my understanding of learning has deepened but still follows similar lines. And I still love the “Samba school” concept. I can now add the gym and the sports teams to my analogical apparatus to use in describing my teaching to students or anybody else.

Hopefully, any of these analogies can be used to help students engage themselves in the learning process.

That’s all I can wish for.

Café à la montréalaise

Montréal est en passe de (re)devenir une destination pour le café. Mieux encore, la «Renaissance du café à Montréal» risque d’avoir des conséquences bénéfiques pour l’ensemble du milieu culinaire de la métropole québécoise.

Cette thèse peut sembler personnelle et je n’entends pas la proposer de façon dogmatique. Mais en me mêlant au milieu du café à Montréal, j’ai accumulé un certain nombre d’impressions qu’il me ferait plaisir de partager. Il y a même de la «pensée magique» dans tout ça en ce sens qu’il me semble plus facile de rebâtir la scène montréalaise du café si nous avons une idée assez juste de ce qui constitue la spécificité montréalaise.

Continue reading Café à la montréalaise

The Nearest Book

Rules:

  • Grab the book nearest you. Right now.
  • Turn to page 56.
  • Find the fifth sentence.
  • Post that sentence along with these instructions in a note to your wall or on your blog. Please post your quote in a comment to this post as well.

It is thus clear that, except for the rulers and the literate, language could hardly be a criterion of nationhood, and even for these it was first necessary to choose a national vernacular (in a standardized literary form) over the more prestigious languages, holy or classical or both, which were, for small elites, perfectly practicable means of administrative or intellectual communication, public debate, or even — one thinks of classical Persian in the Mughal Empire, classical Chinese in Heian Japan — of literary composition.

Hobsbawm, Eric J. Nations and Nationalism Since 1780: Programme, Myth, Reality. Cambridge: Cambridge University Press, 1990. 

Blogging Academe

LibriVox founder and Montreal geek Hugh McGuire recently posted a blog entry in which he gave a series of nine arguments for academics to blog:

Why Academics Should Blog

Hugh’s post reminded me of one of my favourite blogposts by an academic, a pointed defence of blogging by Mark Liberman, of Language Log fame.
Raising standards –by lowering them

While I do agree with Hugh’s points, I would like to reframe and rephrase them.

Clearly, I’m enthusiastic about blogging. Not that I think every academic should, needs to, ought to blog. But I do see clear benefits of blogging in academic contexts.

Academics do a number of different things, from search committees to academic advising. Here, I focus on three main dimensions of an academic’s life: research, teaching, and community outreach. Other items in a professor’s job description may benefit from blogging but these three main components tend to be rather prominent in terms of PTR (promotion, tenure, reappointment). What’s more, blogging can help integrate these dimensions of academic life in a single set of activities.

Impact

In relation to scholarship, the term “impact” often refers to the measurable effects of a scholar’s publication through a specific field. “Citation impact,” for instance, refers to the number of times a given journal article has been cited by other scholars. This kind of measurement is directly linked to Google’s PageRank algorithm which is used to assess the relevance of their search results. The very concept of “citation impact” relates very directly to the “publish or perish” system which, I would argue, does more to increase stress levels among full-time academic than to enhance scholarship. As such, it may need some rethinking. What does “citation impact” really measure? Is the most frequently cited text on a given subject necessarily the most relevant? Isn’t there a clustering effect, with some small groups of well-known scholars citing one another without paying attention to whatever else may happen in their field, especially in other languages?

An advantage of blogging is that this type of impact is easy to monitor. Most blogging platforms have specific features for “statistics,” which let bloggers see which of their posts have been visited (“hit”) most frequently. More sophisticated analysis is available on some blogging platforms, especially on paid ones. These are meant to help bloggers monetize their blogs through advertising. But the same features can be quite useful to an academic who wants to see which blog entries seem to attract the most traffic.

Closer to “citation impact” is the fact that links to a given post are visible within that post through the ping and trackback systems. If another blogger links to this very blogpost, a link to that second blogger’s post will appear under mine as a link. In other words, a blogpost can embed future references.

In terms of teaching, thinking about impact through blogging can also have interesting effects. If students are blogging, they can cite and link to diverse items and these connections can serve as a representation of the constructive character of learning. But even if students don’t blog, a teacher blogging course-related material can increase the visibility of that course. In some cases, this visibility may lead to inter-institutional collaboration or increased enrollment.

Transparency

While secrecy may be essential in some academic projects, most academics tend to adopt a favourable attitude toward transparency. Academia is about sharing information and spreading knowledge, not about protecting information or about limiting knowledge to a select few.

Bloggers typically value transparency.

There are several ethical issues which relate to transparency. Some ethical principles prevent transparency (for instance, most research projects involving “human subjects” require anonymity). But academic ethics typically go with increased transparency on the part of the researcher. For instance, informed consent by a “human subject” requires complete disclosure of how the data will be used and protected. There are usually requirements for the primary investigator to be reachable during the research project.

Transparency is also valuable in teaching. While some things should probably remain secret (say, answers to exam questions), easy access to a number of documents makes a lot of sense in learning contexts.

Public Intellectuals

It seems that the term “intellectual” gained currency as a label for individuals engaged in public debates. While public engagement has taken a different type of significance, over the years, but the responsibility for intellectuals to communicate publicly is still a matter of interest.

Through blogging, anyone can engage in public debate, discourse, or dialogue.

Reciprocity

Scholars working with “human subjects” often think about reciprocity. While remuneration may be the primary mode of retribution for participation in a research project, a broader concept of reciprocity is often at stake. Those who participated in the project usually have a “right to know” about the results of that study. Even when it isn’t the case and the results of the study remain secret, the asymmetry of human subjects revealing something about themselves to scholars who reveal nothing seems to clash with fundamental principles in contemporary academia.

Reciprocity in teaching can lead directly to some important constructivist principles. The roles of learners and teachers, while not completely interchangeable, are reciprocal. A teacher may learn and a learner may teach.

Playing with Concepts

Blogging makes it easy to try concepts out. More than “thinking out loud,” the type of blogging activity I’m thinking about can serve as a way to “put ideas on paper” (without actual paper) and eventually get feedback on those ideas.

In my experience, microblogging (Identi.ca, Twitter…) has been more efficient than extended blogging in terms of getting conceptual feedback. In fact, social networks (Facebook, more specifically) have been even more conducive to hashing out concepts.

Many academics do hash concepts out with students, especially with graduate students. The advantage is that students are likely to understand concepts quickly as they already share some of the same references as the academic who is playing with those concepts. There’s already a context for mutual understanding. The disadvantage is that a classroom context is fairly narrow to really try out the implications of a concept.

A method I like to use is to use fairly catchy phrases and leave concepts fairly raw, at first. I then try the same concept in diverse contexts, on my blogs or off.

The main example I have in mind is the “social butterfly effect.” It may sound silly at first but I find it can be a basis for discussion, especially if it spreads a bit.

A subpoint, here, is that this method allows for “gauging interest” in new concepts and it can often lead one in completely new directions. By blogging about concepts, an academic can tell if this concept has a chance to stick in a broad frame (outside the Ivory Tower) and may be given insight from outside disciplines.

Playing with Writing

This one probably applies more to “junior academics” (including students) but it can also work with established academics who enjoy diversifying their writing styles. Simply put: blogwriting is writing practise.

A common idea, in cognitive research on expertise, is that it takes about ten thousand hours to become an expert. For better or worse, academics are experts at writing. And we gain that expertise through practise. In this context, it’s easy to see blogging as a “writing exercise.” At least, that would be a perspective to which I can relate.

My impression is that writing skills are most efficiently acquired through practise. The type of practise I have in mind is “low-stakes,” in the sense that the outcomes of a writing exercise are relatively inconsequential. The basis for this perspective is that self-consciousness, inhibition, and self-censorship tend to get in the way of fluid writing. High-stakes writing (such as graded assignments) can make a lot of sense at several stages in the learning process, but overemphasis on evaluating someone’s writing skills will likely stress out the writer more than make her/him motivated to write.

This impression is to a large extent personal. I readily notice that when I get too self-conscious about my own writing (self-unconscious, even), my writing becomes much less fluid. In fact, because writing about writing tends to make one self-conscious, my writing this post is much less efficient than my usual writing sessions.

In my mind, there’s a cognitive basis to this form of low-stakes, casual writing. As with language acquisition, learning occurs whether or not we’re corrected. According to most research in language acquisition, children acquire their native languages through exposure, not through a formal learning process. My guess is that the same apply to writing.

In some ways, this is a defence of drafts. “Draft out your ideas without overthinking what might be wrong about your writing.” Useful advice, at least in my experience. The further point is to do something with those drafts, the basis for the RERO principle: “release your text in the wild, even if it may not correspond to your standards.” Every text is a work in progress. Especially in a context where you’re likely to get feedback (i.e., blogging). Trial and error, with a feedback mechanism. In my experience, feedback on writing tends to be given in a thoughtful and subtle fashion while feedback on ideas can be quite harsh.

The notion of writing styles is relevant, here. Some of Hugh’s arguments about the need for blogging in academia revolve around the notion that “academics are bad writers.” My position is that academics are expert writers but that academic writing is a very specific beast. Hugh’s writing standards might clash with typical writing habits among academics (which often include neologisms and convoluted metaphors). Are Hugh’s standards appropriate in terms of academic writing? Possibly, but why then are academic texts rating so low on writing standards after having been reviewed by peers and heavily edited? The relativist’s answer is, to me, much more convincing: academic texts are typically judged through standards which are context-specific. Judging academic writing with outside standards is like judging French writing with English standards (or judging prose through the standards of classic poetry).

Still, there’s something to be said about readability. Especially when these texts are to be used outside academia. Much academic writing is meant to remain within the walls of the Ivory Tower yet most academic disciplines benefit from some interaction with “the general public.” Though it may not be taught in universities and colleges, the skill of writing for a broader public is quite valuable. In fact, it may easily be transferable to teaching, especially if students come from other disciplines. Furthermore, writing outside one’s discipline is required in any type of interdisciplinary context, including project proposals for funding agencies.

No specific writing style is implied in blogging. A blogger can use whatever style she/he chooses for her/his posts. At the same time, blogging tends to encourage writing which is broadly readable and makes regular use of hyperlinks to connect to further information. In my opinion, this type of writing is a quite appropriate one in which academics can extend their skills.

“Public Review”

Much of the preceding connects with peer review, which was the basis of Mark Liberman’s post.

In academia’s recent history, “peer reviewed publications” have become the hallmark of scholarly writing. Yet, as Steve McIntyre claims, the current state of academic peer review may not be as efficient at ensuring scholarly quality as its proponents claim it to be. As opposed to financial auditing, for instance, peer review implies very limited assessment based on data. And I would add that the very notion of “peer” could be assessed more carefully in such a context.

Overall, peer review seems to be relatively inefficient as a “reality check.” This might sound like a bold claim and I should provide data to support it. But I mostly want to provoke some thought as to what the peer review process really implies. This is not about reinventing the wheel but it is about making sure we question assumptions about the process.

Blogging implies public scrutiny. This directly relates to transparency, discussed above. But there is also the notion of giving the public the chance to engage with the outcomes of academic research. Sure, the general public sounds like a dangerous place to propose some ideas (especially if they have to do with health or national security). But we may give some thought to Linus’s law and think about the value of “crowdsourcing” academic falsification.

Food for Thought

There’s a lot more I want to add but I should heed my call to RERO. Otherwise, this post will remain in my draft posts for an indefinite period of time, gathering dust and not allowing any timely discussion. Perhaps more than at any other point, I would be grateful for any thoughtful comment about academic blogging.

In fact, I will post this blog entry “as is,” without careful proofreading. Hopefully, it will be the start of a discussion.

I will “send you off” with a few links related to blogging in academic contexts, followed by Hugh’s list of arguments.

Links on Academic Blogging

(With an Anthropological emphasis)

Hugh’s List

  1. You need to improve your writing
  2. Some of your ideas are dumb
  3. The point of academia is to expand knowledge
  4. Blogging expands your readership
  5. Blogging protects and promotes your ideas
  6. Blogging is Reputation
  7. Linking is better than footnotes
  8. Journals and blogs can (and should) coexist
  9. What have journals done for you lately?

Café Myriade Linkfest

Been meaning to write a blogpost, in French, about Montreal’s coffee scene. I’ve already written a few posts in English about it.

I sincerely think momentum is building right now and I like to ride this kind of wave.

But before I write that post, I’ll list several blog and forum entries about Café Myriade. Mainly because Myriade is the newest piece in Montreal’s coffee puzzle but also because it’s a wonderful café.

This list is what I call a “linkfest” and I admit that there’s a promotional component to this. Not necessarily to promote my own blog, but to maintain the “buzz” about Myriade.

Speaking of promotion… I find it interesting that October 28, the day Café Myriade did its Grand Opening, was also the day with the highest traffic on this blog since the day I launched it (January 9, 2006, following my first blog). And that difference is clearly coming from my two posts about Myriade, that day:

But my goal isn’t to get traffic. I do find it fun to observe fluctuations in traffic and I do get a small boast when I see an increase in traffic. But I care more about connecting with people than about generating traffic here. I’m quite certain I could create a high-traffic site, but this isn’t meant to be it.

My main goal, in this coverage of Montreal’s coffee scene, is to connect with different members of Montreal’s coffee community as well as to coffee-loving visitors to Montreal.

So, here’s a set of links to blog and forum posts about Café Myriade, Montreal’s newest café.

Microblogue d'événement

Version éditée d’un message que je viens d’envoyer à mon ami Martin Lessard.

Le contexte direct, c’est une discussion que nous avons eue au sujet de mon utilisation de Twitter, la principale plateforme de microblogue. Pendant un événement quelconque (conférence, réunion, etc.), j’utilise Twitter pour faire du blogue en temps réel, du liveblogue.

Contrairement à certains, je pense que l’utilisation du microblogue peut être adaptée aux besoins de chaque utilisateur. D’ailleurs, c’est un aspect de la technologie que je trouve admirable: la possibilité d’utiliser des outils pour d’autres usages que ceux pour lesquels ils ont été conçus. C’est là que la technologie au sens propre dépasse l’outil. Dans mon cours de culture matérielle, j’appelle ça “unintended uses”, concept tout simple qui a beaucoup d’implications en rapport aux liens sociaux dans la chaîne qui va de la conception et de la construction d’un outil jusqu’à son utilisation et son «impact» social.

Donc, mon message édité.
Je pense pas mal à cette question de tweets («messages» sur Twitter) considérés comme intempestifs. Alors je lance quelques idées.

Ça m’apporte pas mal, de bloguer en temps réel par l’entremise de Twitter. Vraiment, je vois ça comme prendre des notes en public. Faut dire que la prise de notes est une seconde nature, pour moi. C’est comme ça que je structure ma pensée. Surtout avec des “outliners” mais ça marche aussi en linéaire.

De ce côté, je fais un peu comme ces journalistes sur Twitter qui utilisent le microblogue comme carnet de notes. Andy Carvin est mon exemple préféré. Il tweete plus vite que moi et ses tweets sont aussi utiles qu’un article de journal. Ma démarche est plus proche de la «lecture active» et du sens critique, mais c’est un peu la même idée. Dans mon cas, ça me permet même de remplacer un billet de blogue par une série de tweets.

L’avantage de la prise de notes en temps réel s’est dévoilé entre autres lors d’une présentation de Johannes Fabian, anthropologue émérite qui était à Montréal pendant une semaine bien remplie, le mois dernier. Je livebloguais sa première présentation, sur Twitter. En face de moi, il y avait deux anthropologues de Concordia (Maximilian Forte et Owen Wiltshire) que je connais entre autres comme blogueurs. Les deux prenaient des notes et l’un d’entre eux enregistrait la séance. Dans mes tweets, j’ai essayé de ne pas trop résumer ce que Fabian disait mais je prenais des notes sur mes propres réactions, je faisais part de mes observations de l’auditoire et je réfléchissais à des implications des idées énoncées. Après la présentation, Maximilian me demandait si j’allais bloguer là-dessus. J’ai pu lui dire en toute franchise que c’était déjà fait. Et Owen, un de mes anciens étudiants qui travaille maintenant sur la publication académique et le blogue, a maintenant accès à mes notes complètes, avec “timeline”.
Puissante méthode de prise de notes!

L’avantage de l’aspect public c’est premièrement que je peux avoir des «commentaires» en temps réel. J’en ai pas autant que j’aimerais, mais ça reste ce que je cherche, les commentaires. Le microbloguage me donne plus de commentaires que mon blogue principal, ici même sur WordPress. Facebook me donne plus de commentaires que l’un ou l’autre, mais c’est une autre histoire.

Dans certains cas, le livebloguage donne lieu à une véritable conversation parallèle. Mon exemple préféré, c’est probablement cette interaction que j’ai eue avec John Milles à la fin de la session d’Isabelle Lopez, lors de PodCamp Montréal (#pcmtl08). On parlait de culture d’Internet et je proposais qu’il y avait «une» culture d’Internet (comme on peut dire qu’il y a «une» culture chrétienne, disons). Milles, qui ne me savait pas anthropologue, me fait alors un tweet à propos de la notion classique de culture pour les anthropologues (monolithique, spécifiée dans l’espace, intemporelle…). J’ai alors pu le diriger vers la «crise de la représentation» en anthropologie depuis 1986 avec Writing Culture de Clifford et Marcus. Il m’a par la suite envoyé des références de la littérature juridique.

Bien sûr, c’est l’idée du “backchannel” appliqué au ‘Net. Ça fonctionne de façon très efficace pour des événements comme SXSW et BarCamp puisque tout le monde tweete en même temps. Mais ça peut fonctionner pour d’autres événements, si la pratique devient plus commune.

More on this later.”

Je crois que le bloguage en temps réel lors d’événements augmente la visibilité de l’événement lui-même. Ça marcherait mieux si je mettais des “hashtags” à chaque tweet. (Les “hashtags” sont des étiquettes textuelles précédées de la notation ‘#’, qui permettent d’identifier des «messages»). Le problème, c’est que c’est pas vraiment pratique de taper des hashtags continuellement, du moins sur un iPod touch. De toutes façons, ce type de redondance semble peu utile.

More on this later.”

Évidemment, le fait de microbloguer autant augmente un peu ma propre visibilité. Ces temps-ci, je commence à penser à des façons de me «vendre». C’est un peu difficile pour moi parce que j’ai pas l’habitude de me vendre et que je vois l’humilité comme une vertu. Mais ça semble nécessaire et je me cherche des moyens de me vendre tout en restant moi-même. Twitter me permet de me mettre en valeur dans un contexte qui rend cette pratique tout à fait appropriée (selon moi).

D’ailleurs, j’ai commencé à utiliser Twitter comme méthode de réseautage, pendant que j’étais à Austin. C’était quelques jours avant SXSW et je voulais me faire connaître localement. D’ailleurs, je conserve certaines choses de cette époque, y compris des contacts sur Twitter.

Ma méthode était toute simple: je me suis mis à «suivre» tous ceux qui suivaient @BarCampAustin. Ça faisait un bon paquet et ça me permettait de voir ce qui se passait. D’ailleurs, ça m’a permis d’aller observer des événements organisés par du monde de SXSW comme Gary Vaynerchuk et Scott Beale. Pour un ethnographe, y’a rien comme voir Kevin Rose avec son «entourage» ou d’apprendre que Dr. Tiki est d’origine lavalloise. 😉

Dans les “features” du microbloguage que je trouve particulièrement intéressantes, il y a les notations en ‘@’ et en ‘#’. Ni l’une, ni l’autre n’est si pratique sur un iPod touch, du moins avec les applis qu’on a. Mais le concept de base est très intéressant. Le ‘@’ est un peu l’équivalent du ping ou trackback, pouvant servir à attirer l’attention de quelqu’un d’autre (cette notation permet les réponses directes à des messages). C’est assez puissant comme principe et ça aide beaucoup dans le livebloguage (Muriel Ide et Martin Lessard ont utilisé cette méthode pour me contacter pendant WebCom/-Camp).

More on this later.”

D’après moi, avec des geeks, cette pratique du microblogue d’événement s’intensifie. Il prend même une place prépondérante, donnant au microblogue ce statut que les journalistes ont tant de difficulté à saisir. Lorsqu’il se passe quelque-chose, le microblogue est là pour couvrir l’événement.

Ce qui m’amène à ce “later“. Tout simple, dans le fond. Des instances de microblogues pour des événements. Surtout pour des événements préparés à l’avance, mais ça peut être une structure ad hoc à la Ushahidi d’Erik Hersman.

Laconica d’Evan Prodromou est tout désigné pour remplir la fonction à laquelle je pense mais ça peut être sur n’importe quelle plateforme. J’aime bien Identi.ca, qui est la plus grande instance Laconica. Par contre, j’utilise plus facilement Twitter, entre autres parce qu’il y a des clients Twitter pour l’iPod touch (y compris avec localisation).

Imaginons une (anti-)conférence à la PodCamp. Le même principe s’applique aux événements en-ligne (du genre “WebConference”) mais les rencontres face-à-face ont justement des avantages grâce au microbloguage. Surtout si on pense à la “serendipity”, à l’utilisation de plusieurs canaux de communication (cognitivement moins coûteuse dans un contexte de coprésence), à la facilité des conversations en petits groupes et au «langage non-verbal».

Donc, chaque événement a une instance de microblogue. Ça coûte pratiquement rien à gérer et ça peut vraiment ajouter de la valeur à l’événement.

Chaque personne inscrite à l’événement a un compte de microblogue qui est spécifique à l’instance de cet événement (ou peut utiliser un compte Laconica d’une autre instance et s’inscrire sur la nouvelle instance). Par défaut, tout le monde «suit» tout le monde (tout le monde est incrit pour voir tous les messages). Sur chaque “nametag” de la conférence, l’identifiant de la personne apparaît. Chaque présentateur est aussi lié à son identifiant. Le profil de chaque utilisateur peut être calqué sur un autre profil ou créé spécifiquement pour l’événement. Les portraits photos sont privilégiés, mais les avatars sont aussi permis. Tout ce qui est envoyé à travers l’instance est archivé et catalogué. S’il y a des façons de spécifier des positions dans l’espace, de façon précise (peut-être même avec une RFID qu’on peut désactiver), ce positionnement est inscrit dans l’instance. Comme ça, on peut se retrouver plus facilement pour discuter en semi-privé. D’ailleurs, ça serait facile d’inclure une façon de prendre des rendez-vous ou de noter des détails de conversations, pour se remémorer le tout plus tard. De belles intégrations possibles avec Google Calendar, par exemple.

Comme la liste des membres de l’instance est limitée, on peut avoir une appli qui facilite les notations ‘@’. Recherche «incrémentale», carnet d’adresse, auto-complétion… Les @ des présentateurs sont sous-entendus lors des présentations, on n’a pas à taper leurs noms au complet pour les citer. Dans le cas de conversations à plusieurs, ça devient légèrement compliqué, mais on peut quand même avoir une liste courte si c’est un panel ou d’autres méthodes si c’est plus large. D’ailleurs, les modérateurs pourraient utiliser ça pour faire la liste d’attente des interventions. (Ça, c’est du bonbon! J’imagine ce que ça donnerait à L’Université autrement!)

Comme Evan Prodromou en parlait lors de PodCamp Montréal, il y a toute la question du “microcasting” qui prend de l’ampleur. Avec une instance de microblogue liée à un événement, on pourrait avoir de la distribution de fichiers à l’interne. Fichiers de présentation (Powerpoint ou autre), fichiers médias, liens, etc. Les présentateurs peuvent préparer le tout à l’avance et envoyer leurs trucs au moment opportun. À la rigueur, ça peut même remplacer certaines utilisations de Powerpoint!

Plutôt que de devoir taper des hashtags d’événements (#pcmtl08), on n’a qu’à envoyer ses messages sur l’instance spécifique. Ceux qui ne participent pas à l’événement ne sont pas inondés de messages inopportuns. Nul besoin d’arrêter de suivre quelqu’un qui participe à un tel événement (comme ç’a été le cas avec #pcmtl08).

Une fois l’événement terminé, on peut faire ce qu’on veut avec l’instance. On peut y revenir, par exemple pour consulter la liste complète des participants. On peut retravailler ses notes pour les transformer en billets et même rapports. Ou on peut tout mettre ça de côté.

Pour le reste, ça serait comme l’utilisation de Twitter lors de SXSWi (y compris le cas Lacy, que je trouve fascinant) ou autre événement geek typique. Dans certains cas, les gens envoient les tweets directement sur des écrans autour des présentateurs.

Avec une instance spécifique, les choses sont plus simple à gérer. En plus, peu de risques de voir l’instance tomber en panne, comme c’était souvent le cas avec Twitter, pendant une assez longue période.

C’est une série d’idées en l’air et je tiens pas au détail spécifique. Mais je crois qu’il y a un besoin réel et que ça aide à mettre plusieurs choses sur une même plateforme. D’ailleurs, j’y avais pas trop pensé mais ça peut avoir des effets intéressants pour la gestion de conférences, pour des rencontres en-ligne, pour la couverture médiatique d’événements d’actualités, etc. Certains pourraient même penser à des modèles d’affaire qui incluent le microblogue comme valeur ajoutée. (Différents types de comptes, possibilité d’assister gratuitement à des conférences sans compte sur l’instance…)

Qu’en pensez-vous?

Actively Reading Mainstream Media about Blogging

Like Gregory Kohs, I’ve learnt not to “wrestle with a pig.” And “I know you shouldn’t feed the trolls.” But Diigo makes it easy for me to comment through annotation. So I’ve done so. As an exercise.

Besides, Jason Calacanis‘s call to the “JasonNation” was too funny not to be heeded.
Just don’t expect me to take the linkbait. Now, if Boutin were French-Canadian, that’d be a different story… 😉

  • tags: no_tag

    • anthropologically isolated subculture of elite bloggers,
      • In what sense is that group isolated? By virtue of being an elite or by lack of links with other people? The first is tautological, the second is absurd. – post by enkerli
    • Blogging has entered the mainstream
      • Probably the core point of this piece. Apparently the one which finds the most support among commenters. Yet “the lead” is so “buried” that this specific point gets almost lost. – post by enkerli
    • every new medium in history
      • To enhance a text, statements like these would probably require the apparatus of an actual historical perspective. Chances are, the person who wrote this thought about some analogue or two but failed to really think about the complete history of media. – post by enkerli
    • Twitter messages, usually sent from mobile phones, are fewer than 140 characters long and answer the question “What are you doing?”
      • Fairly appropriate description of one form of microblogging. But this would have been an excellent opportunity to discuss what the implications of this potential shift to microblogging really are. Given the source of this piece, one would have expected some insight into the financial implications, at the very least. – post by enkerli
    • Google, the Wal-Mart of the internet
      • Such an off-hand comment is a very inefficient way to bring about real discussion. It’s either superfluous or incomplete. – post by enkerli
    • runs Twitter
      • Given the context (with Jack Dorsey and Biz Stone as other key figures), this statement is too ambiguous to be really useful. Yes, Williams is CEO and a CEO “runs” a company. But the immediate context for this statement makes it sound as if Williams had single-handedly taken control of Twitter, as a direct consequence of the Blogger buyout. – post by enkerli
    • These “new media” firms are now suffering from the same advertising slowdown as their offline rivals. Gawker, a gossip-blog empire, has already begun laying off bloggers.
      • Surprising that such an important part of the story should only merit two sentences in the article. Especially in The Economist. What’s more problematic is that it seems to imply that the Gawker layoffs might be representative of the inexorable effects of the advertising slowdown. In a business-oriented publication, such an assertion merits thorough analysis. – post by enkerli
    • just another business tool
      • Sounds dismissive. Did strumpette write this? – post by enkerli
    • any sense that
      • Absolute statements like these are enough to make critical thinkers cringe. – post by enkerli
    • Now they are gone, but they are also ubiquitous, as features of almost every mobile phone.
      • Brief description of something which could lead to actual insight. Underdeveloped as is, could merit its own article. Too fragmentary in this context. – post by enkerli

Posted from Diigo. The rest of my favorite links are here.

A bilingual blog on disparate subjects. / Un blogue disparate bilingue.