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Microblogue d'événement

Version éditée d’un message que je viens d’envoyer à mon ami Martin Lessard.

Le contexte direct, c’est une discussion que nous avons eue au sujet de mon utilisation de Twitter, la principale plateforme de microblogue. Pendant un événement quelconque (conférence, réunion, etc.), j’utilise Twitter pour faire du blogue en temps réel, du liveblogue.

Contrairement à certains, je pense que l’utilisation du microblogue peut être adaptée aux besoins de chaque utilisateur. D’ailleurs, c’est un aspect de la technologie que je trouve admirable: la possibilité d’utiliser des outils pour d’autres usages que ceux pour lesquels ils ont été conçus. C’est là que la technologie au sens propre dépasse l’outil. Dans mon cours de culture matérielle, j’appelle ça “unintended uses”, concept tout simple qui a beaucoup d’implications en rapport aux liens sociaux dans la chaîne qui va de la conception et de la construction d’un outil jusqu’à son utilisation et son «impact» social.

Donc, mon message édité.
Je pense pas mal à cette question de tweets («messages» sur Twitter) considérés comme intempestifs. Alors je lance quelques idées.

Ça m’apporte pas mal, de bloguer en temps réel par l’entremise de Twitter. Vraiment, je vois ça comme prendre des notes en public. Faut dire que la prise de notes est une seconde nature, pour moi. C’est comme ça que je structure ma pensée. Surtout avec des “outliners” mais ça marche aussi en linéaire.

De ce côté, je fais un peu comme ces journalistes sur Twitter qui utilisent le microblogue comme carnet de notes. Andy Carvin est mon exemple préféré. Il tweete plus vite que moi et ses tweets sont aussi utiles qu’un article de journal. Ma démarche est plus proche de la «lecture active» et du sens critique, mais c’est un peu la même idée. Dans mon cas, ça me permet même de remplacer un billet de blogue par une série de tweets.

L’avantage de la prise de notes en temps réel s’est dévoilé entre autres lors d’une présentation de Johannes Fabian, anthropologue émérite qui était à Montréal pendant une semaine bien remplie, le mois dernier. Je livebloguais sa première présentation, sur Twitter. En face de moi, il y avait deux anthropologues de Concordia (Maximilian Forte et Owen Wiltshire) que je connais entre autres comme blogueurs. Les deux prenaient des notes et l’un d’entre eux enregistrait la séance. Dans mes tweets, j’ai essayé de ne pas trop résumer ce que Fabian disait mais je prenais des notes sur mes propres réactions, je faisais part de mes observations de l’auditoire et je réfléchissais à des implications des idées énoncées. Après la présentation, Maximilian me demandait si j’allais bloguer là-dessus. J’ai pu lui dire en toute franchise que c’était déjà fait. Et Owen, un de mes anciens étudiants qui travaille maintenant sur la publication académique et le blogue, a maintenant accès à mes notes complètes, avec “timeline”.
Puissante méthode de prise de notes!

L’avantage de l’aspect public c’est premièrement que je peux avoir des «commentaires» en temps réel. J’en ai pas autant que j’aimerais, mais ça reste ce que je cherche, les commentaires. Le microbloguage me donne plus de commentaires que mon blogue principal, ici même sur WordPress. Facebook me donne plus de commentaires que l’un ou l’autre, mais c’est une autre histoire.

Dans certains cas, le livebloguage donne lieu à une véritable conversation parallèle. Mon exemple préféré, c’est probablement cette interaction que j’ai eue avec John Milles à la fin de la session d’Isabelle Lopez, lors de PodCamp Montréal (#pcmtl08). On parlait de culture d’Internet et je proposais qu’il y avait «une» culture d’Internet (comme on peut dire qu’il y a «une» culture chrétienne, disons). Milles, qui ne me savait pas anthropologue, me fait alors un tweet à propos de la notion classique de culture pour les anthropologues (monolithique, spécifiée dans l’espace, intemporelle…). J’ai alors pu le diriger vers la «crise de la représentation» en anthropologie depuis 1986 avec Writing Culture de Clifford et Marcus. Il m’a par la suite envoyé des références de la littérature juridique.

Bien sûr, c’est l’idée du “backchannel” appliqué au ‘Net. Ça fonctionne de façon très efficace pour des événements comme SXSW et BarCamp puisque tout le monde tweete en même temps. Mais ça peut fonctionner pour d’autres événements, si la pratique devient plus commune.

More on this later.”

Je crois que le bloguage en temps réel lors d’événements augmente la visibilité de l’événement lui-même. Ça marcherait mieux si je mettais des “hashtags” à chaque tweet. (Les “hashtags” sont des étiquettes textuelles précédées de la notation ‘#’, qui permettent d’identifier des «messages»). Le problème, c’est que c’est pas vraiment pratique de taper des hashtags continuellement, du moins sur un iPod touch. De toutes façons, ce type de redondance semble peu utile.

More on this later.”

Évidemment, le fait de microbloguer autant augmente un peu ma propre visibilité. Ces temps-ci, je commence à penser à des façons de me «vendre». C’est un peu difficile pour moi parce que j’ai pas l’habitude de me vendre et que je vois l’humilité comme une vertu. Mais ça semble nécessaire et je me cherche des moyens de me vendre tout en restant moi-même. Twitter me permet de me mettre en valeur dans un contexte qui rend cette pratique tout à fait appropriée (selon moi).

D’ailleurs, j’ai commencé à utiliser Twitter comme méthode de réseautage, pendant que j’étais à Austin. C’était quelques jours avant SXSW et je voulais me faire connaître localement. D’ailleurs, je conserve certaines choses de cette époque, y compris des contacts sur Twitter.

Ma méthode était toute simple: je me suis mis à «suivre» tous ceux qui suivaient @BarCampAustin. Ça faisait un bon paquet et ça me permettait de voir ce qui se passait. D’ailleurs, ça m’a permis d’aller observer des événements organisés par du monde de SXSW comme Gary Vaynerchuk et Scott Beale. Pour un ethnographe, y’a rien comme voir Kevin Rose avec son «entourage» ou d’apprendre que Dr. Tiki est d’origine lavalloise. 😉

Dans les “features” du microbloguage que je trouve particulièrement intéressantes, il y a les notations en ‘@’ et en ‘#’. Ni l’une, ni l’autre n’est si pratique sur un iPod touch, du moins avec les applis qu’on a. Mais le concept de base est très intéressant. Le ‘@’ est un peu l’équivalent du ping ou trackback, pouvant servir à attirer l’attention de quelqu’un d’autre (cette notation permet les réponses directes à des messages). C’est assez puissant comme principe et ça aide beaucoup dans le livebloguage (Muriel Ide et Martin Lessard ont utilisé cette méthode pour me contacter pendant WebCom/-Camp).

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D’après moi, avec des geeks, cette pratique du microblogue d’événement s’intensifie. Il prend même une place prépondérante, donnant au microblogue ce statut que les journalistes ont tant de difficulté à saisir. Lorsqu’il se passe quelque-chose, le microblogue est là pour couvrir l’événement.

Ce qui m’amène à ce “later“. Tout simple, dans le fond. Des instances de microblogues pour des événements. Surtout pour des événements préparés à l’avance, mais ça peut être une structure ad hoc à la Ushahidi d’Erik Hersman.

Laconica d’Evan Prodromou est tout désigné pour remplir la fonction à laquelle je pense mais ça peut être sur n’importe quelle plateforme. J’aime bien Identi.ca, qui est la plus grande instance Laconica. Par contre, j’utilise plus facilement Twitter, entre autres parce qu’il y a des clients Twitter pour l’iPod touch (y compris avec localisation).

Imaginons une (anti-)conférence à la PodCamp. Le même principe s’applique aux événements en-ligne (du genre “WebConference”) mais les rencontres face-à-face ont justement des avantages grâce au microbloguage. Surtout si on pense à la “serendipity”, à l’utilisation de plusieurs canaux de communication (cognitivement moins coûteuse dans un contexte de coprésence), à la facilité des conversations en petits groupes et au «langage non-verbal».

Donc, chaque événement a une instance de microblogue. Ça coûte pratiquement rien à gérer et ça peut vraiment ajouter de la valeur à l’événement.

Chaque personne inscrite à l’événement a un compte de microblogue qui est spécifique à l’instance de cet événement (ou peut utiliser un compte Laconica d’une autre instance et s’inscrire sur la nouvelle instance). Par défaut, tout le monde «suit» tout le monde (tout le monde est incrit pour voir tous les messages). Sur chaque “nametag” de la conférence, l’identifiant de la personne apparaît. Chaque présentateur est aussi lié à son identifiant. Le profil de chaque utilisateur peut être calqué sur un autre profil ou créé spécifiquement pour l’événement. Les portraits photos sont privilégiés, mais les avatars sont aussi permis. Tout ce qui est envoyé à travers l’instance est archivé et catalogué. S’il y a des façons de spécifier des positions dans l’espace, de façon précise (peut-être même avec une RFID qu’on peut désactiver), ce positionnement est inscrit dans l’instance. Comme ça, on peut se retrouver plus facilement pour discuter en semi-privé. D’ailleurs, ça serait facile d’inclure une façon de prendre des rendez-vous ou de noter des détails de conversations, pour se remémorer le tout plus tard. De belles intégrations possibles avec Google Calendar, par exemple.

Comme la liste des membres de l’instance est limitée, on peut avoir une appli qui facilite les notations ‘@’. Recherche «incrémentale», carnet d’adresse, auto-complétion… Les @ des présentateurs sont sous-entendus lors des présentations, on n’a pas à taper leurs noms au complet pour les citer. Dans le cas de conversations à plusieurs, ça devient légèrement compliqué, mais on peut quand même avoir une liste courte si c’est un panel ou d’autres méthodes si c’est plus large. D’ailleurs, les modérateurs pourraient utiliser ça pour faire la liste d’attente des interventions. (Ça, c’est du bonbon! J’imagine ce que ça donnerait à L’Université autrement!)

Comme Evan Prodromou en parlait lors de PodCamp Montréal, il y a toute la question du “microcasting” qui prend de l’ampleur. Avec une instance de microblogue liée à un événement, on pourrait avoir de la distribution de fichiers à l’interne. Fichiers de présentation (Powerpoint ou autre), fichiers médias, liens, etc. Les présentateurs peuvent préparer le tout à l’avance et envoyer leurs trucs au moment opportun. À la rigueur, ça peut même remplacer certaines utilisations de Powerpoint!

Plutôt que de devoir taper des hashtags d’événements (#pcmtl08), on n’a qu’à envoyer ses messages sur l’instance spécifique. Ceux qui ne participent pas à l’événement ne sont pas inondés de messages inopportuns. Nul besoin d’arrêter de suivre quelqu’un qui participe à un tel événement (comme ç’a été le cas avec #pcmtl08).

Une fois l’événement terminé, on peut faire ce qu’on veut avec l’instance. On peut y revenir, par exemple pour consulter la liste complète des participants. On peut retravailler ses notes pour les transformer en billets et même rapports. Ou on peut tout mettre ça de côté.

Pour le reste, ça serait comme l’utilisation de Twitter lors de SXSWi (y compris le cas Lacy, que je trouve fascinant) ou autre événement geek typique. Dans certains cas, les gens envoient les tweets directement sur des écrans autour des présentateurs.

Avec une instance spécifique, les choses sont plus simple à gérer. En plus, peu de risques de voir l’instance tomber en panne, comme c’était souvent le cas avec Twitter, pendant une assez longue période.

C’est une série d’idées en l’air et je tiens pas au détail spécifique. Mais je crois qu’il y a un besoin réel et que ça aide à mettre plusieurs choses sur une même plateforme. D’ailleurs, j’y avais pas trop pensé mais ça peut avoir des effets intéressants pour la gestion de conférences, pour des rencontres en-ligne, pour la couverture médiatique d’événements d’actualités, etc. Certains pourraient même penser à des modèles d’affaire qui incluent le microblogue comme valeur ajoutée. (Différents types de comptes, possibilité d’assister gratuitement à des conférences sans compte sur l’instance…)

Qu’en pensez-vous?

Intello

C’est un billet un peu difficile à écrire, mais je crois que c’est important pour moi de le laisser sortir.

La difficulté provient du fait que mon ton va probablement sonner opiniâtre. Pire, je risque de froisser la sensibilité de certains. Et pour rendre les choses presque tragiques, je vais parler de façon négative de certains individus. C’est vraiment pas mon genre. Et il n’y a aucun jugement de valeur sur les personnes impliquées. Je pense à des comportements que je trouve quelque peu déplacés et je me sens un certain devoir d’honnêteté et de franchise, à ce sujet. Mais je sais déjà que ça peut paraître insultant.

Les personnes que j’ai choisies sont des «personnalités publiques», habituées à la brûlure de l’opinion publique. Si elles aboutissent sur ce billet, elles le concevront comme un de ces commentaires critiques mal digérés qu’elles ont l’habitude de recevoir, dans leur courrier des lecteurs. Je ne m’inquiète donc pas pour leurs réactions. Les gens qui apprécient ces personnes auront probablement avoir une réaction similaire à celle de leurs idoles. Elles n’auront sans doûte pas l’envie de revenir sur mon blogue, mais je cherche pas à me bâtir un lectorat extensif. Par contre, ce qui m’embête un peu, c’est que mes propos risquent de modifier un peu l’opinion de certaines personnes à mon égard. C’est un risque à prendre mais mes os ne sont pas de verre et le jeu en vaut la chandelle.

Mais avant d’accuser des gens, une mise en contexte.

Comme c’est probablement évident, je réfléchis ces temps-ci aux «intellectuels», à la perception de l’intelligence et à divers personnages sociaux. Le présent billet s’inscrit en continuité assez directe, dans mon esprit, avec trois billets que j’ai écrits au cours des deux derniers mois, dont deux en anglais et un en français.

Dans une certaine mesure, le présent billet me trottait dans la tête pendant que j’écrivais ces autres billets. Je peux entrer dans le vif du sujet: ce qu’est un «intello», selon moi.

Non, je n’utilise pas «intello» comme simple diminutif d’«intellectuel». Et ce n’est pas même une question de préciser des connotations négatives ou positives. Je parle de personnages sociaux distincts. Pour être le plus franc possible, je m’assume en tant qu’«intellectuel» mais je souhaite ardemment ne pas être un «intello». Pour moi, l’«intello» n’a de l’«intellectuel» que l’apparence et non la substance. En somme, l’intello est un «pseudo-intellectuel».

Vous me voyez probablement venir, mais je veux être précis. Je ne parle pas ici de «mauvais intellectuels» ou d’intellectuels que je juge comme inférieurs. Je parle de personne qui adoptent un comportement qui fait appel au personnage de l’intellectuel par pur désir de positionnement social. Bref, des imposteurs.

Le mot est fort mais il me semble d’autant plus approprié qu’il est utilisé pour désigner ce que les coachs de vie appellent «le syndrome de l’imposteur» (“impostor syndrome” ou “imposter syndrome”, en anglais). Je m’intéresse beaucoup à cette notion d’imposture parce que la plupart des descriptions qui en sont faites semblent correspondre très précisémment à quelque-chose que je ressentais de façon très forte jusqu’à tout récemment. D’ailleurs, c’est en passant à travers cette impression d’imposture que j’ai réussi à atteindre de nouveau la sérénité.

C’est quoi, ce «syndrome de l’imposteur»? Eh bien, déjà, c’est pas vraiment un «syndrome». C’est plutôt une façon de décrire un ensemble de phénomènes psychiques qui semblent affecter certaines personnes, surtout celles qui semblent réussir.

La base, c’est un sentiment que notre réussite n’est pas basée sur des capacités concrètes, liées à nos réussites, mais sur la chance, le charme ou une espèce d’inertie. «Si j’atteins ce niveau c’est parce que les gens m’assignent des qualités que je n’ai pas, parce que je suis bien tombé(e), ou parce que je suis simplement resté(e) assez longtemps dans cette position.» Les recherches originales sur ce phénomène, par Clance et Imes, portaient sur des «femmes qui réussissent» (“high achieving women“). Mais le même phénomène se produit chez des hommes.

Après avoir pu identifier ce phénomène chez moi, j’ai non seulement effectué certaines réflexions introspectives mais j’ai eu l’occasion d’en discuter avec plusieurs personnes. Les réactions varient passablement, d’une personne à l’autre. Une personne dont le parcours académique me semble le plus intéressant m’a récemment avoué avoir longtemps souffert de cette impression d’imposture (et je parle de quelqu’un avec beaucoup de prestige). Plusieurs autres personnes ont parlé de ce phénomène comme étant inévitable ou du moins très courant, surtout dans le milieu académique. D’autres encores ont eu une attitude somme toute assez condescendante à l’égard de celles et ceux qui sont affecté(e)s par cette impression d’imposture. Et plusieurs personnes, y compris des psychologues, m’ont permis de trouver une issue personnelle à la paralysie que cette impression semble provoquer.

Et c’est vraiment tout simple: les vrais imposteurs ne se posent pas la question s’ils sont ou non imposteurs.

Je sais pas si c’est une affirmation si valide. Mais cette simple idée m’a beaucoup aidé à comprendre que ce sentiment d’imposture était, du moins dans mon cas, basé sur des critères inappropriés.

Pour revenir à l’intello comme imposteur. D’après moi, l’intello est celui (ou celle, il y a certaines femmes comme ça) qui ne se pose pas de question par rapport à son imposture intellectuelle. Ça semble simpliste, comme définition. Mais, en contexte, ça fonctionne.

Et ça me fait penser à plusieurs représentations de cet intello. Peut-être ma préférée, c’est dans une chanson de Brel sur Les paumés du petit matin (version vidéo, à partir de 3:25). Mon interprétation des paroles de cette chanson tourne autour du fait que les personnages décrits sont des intellos, qui font semblant d’être des intellectuels. Le passage qui me semble le plus pertinent à cet égard:

Ils se racontent à minuit
Les poèmes qu’ils n’ont pas lus
Les romans qu’ils n’ont pas écrits
Les amours qu’ils n’ont pas vécues
Les vérités qui ne servent à rien

Tout de suite, je me mets à me poser toutes sortes de questions par rapport à mes propres agissements. «Ai-je fait ça, moi?» J’ai beau être sorti de l’impasse, j’ai encore certains réflexes. Et le fait est que j’ai déjà discuté de chacun de ces sujets sans en avoir d’expérience directe. Par contre, même si je suis honnête au sujet de mon expérience indirecte, je continue à me poser des questions. Selon mon interprétation de cette chanson de Brel, ceux qu’il décrivait n’étaient ni honnête ni porté à la remise en question.

Un passage, plus tôt dans la chanson, sonne comme une description très directe de ce que craignent ceux qui se croient imposteurs:

Elles elles ont l’arrogance
Des filles qui ont de la poitrine
Eux ils ont cette assurance
Des hommes dont on devine
Que le papa a eu de la chance

La différence, encore là, entre les vrais imposteurs et ceux qui craignent de l’être, c’est dans l’attitude: l’arrogance et l’assurance. Rien de mal avec l’assurance, c’est une attitude qui peut être révélatrice d’une saine estime de soi. Et l’arrogance n’est pas un crime. Mais ce genre d’attitude est la base même de ce que j’ai décrié dans des billets précédents.

Donc, contrairement à l’intellectuel, l’intello fait preuve d’arrogance ou d’assurance excessive. Ça semble clair. Mais est-ce suffisant?

Je sais pas. Surtout que j’ai acquis pas mal d’assurance, au cours des derniers mois, et mon attitude a balancé d’un côté moins humble, pendant un certain temps. C’était une des bases de mon billet sur l’égocentrisme. Je crois par contre être revenu à mon attitude usuelle qui, sans être excessivement humble, n’en est pas arrogante pour autant. Du moins, selon moi. Peut-être ai-je tort et je serais dans ce cas un intello. Soit. Mais, au moins, je réfléchis sérieusement à la question et si je m’assume en tant qu’intellectuel ce n’est pas pour m’affubler d’un titre mais bien pour accepter une étiquette qui m’a collé à la peau toute ma vie.

On revient finalement à ceux que j’accuse d’être des intellos. Et c’est la partie difficile de ce billet, malgré toutes mes précautions. Je n’ai pas encore décidé combien de personnes il me serait approprié de nommer, dans ce contexte. Mais je vais commencer avec deux. Je n’ajouterai pas de liens vers leurs profils parce que mon but n’est pas d’attirer leur attention. Tel que mentionné plus haut, j’ai pas non plus peur qu’elles puissent lire ce billet.

Donc, vous voulez des noms?

[Roulement de tambour…]

Richard Martineau et John C. Dvorak.

Voilà, c’est dit.

Bon, pour ceux qui me connaissent, c’est peut-être pas très surprenant. Et ce sont deux journalistes assez controversés, ce qui m’empêche de craindre de leur causer du tort. Mais, vraiment, je perçois ces deux personnages comme des intellos: des imposteurs de l’intellect.

Martineau me rend la tâche facile. Pour les Québécois francophones, surtout ceux qui connaissent beaucoup de vrais intellectuels, la preuve de l’imposture de Martineau est dans son comportement-même. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Richard Martineau peut être décrire comme un chroniqueur au style provocateur qui se prononce sur divers sujets d’actualités à travers diverses tribunes. En d’autres termes, c’est un de ces journaleux qui sont à la fois gueulards (Martineau s’est longtemps affublé du titre de «grande gueule») et susceptibles. C’est le type qui gueule, qui a des propos à l’emporte-pièce, qui se moque des gens et qui ne supporte pas la moindre petite critique, même justifiée et constructive.

Du moins, son personnage. Je parle pas vraiment de Richard Martineau lui-même, que je n’ai jamais rencontré. Je parle de sa persona, du masque social qu’il s’est créé. Tout comme ceux qui craignent d’être imposteurs, Martineau semble avoir des problèmes d’estime de soi. Mais contrairement à ceux qui parlent de souffrir de l’impression d’être des imposteurs, Martineau semble n’avoir s’assumer dans le personnage. Il raconte «des vérités qui ne servent à rien» en revendiquant le droit de le faire. Ce qui fait de lui un personnage désagréable mais qui n’implique rien sur sa personne. Si c’est un rôle qu’il joue, il le joue avec brio et je l’en félicite.

Mon choix de Martineau comme cible de l’étiquette d’«intello» n’est pas complètement anodin. Un des rares propos personnalisé et désobligeants (des «mots d’esprits» à la Ridicule) que j’ai vraiment apprécié, c’est cette phrase de Dany Laferrière:

Richard Martineau vit intellectuellement au-dessus de ses moyens, un jour, il va faire faillite.

Non seulement c’est bien trouvé, mais c’est une analyse pénétrante (“insightful”). C’est aussi très insultant.

Oui, je sais, il y a eu toute une polémique à ce sujet. Mais je n’essaie pas de m’immiscer dans cette polémique. D’ailleurs, c’est pour cette raison que je n’ajoute aucun lien vers les multiples billets de blogues traitant de cette polémique. Mais je crois que ça aide à cerner le concept d’intello: comme un frimeur qui s’achète une bagnole qu’il n’a pas les moyens de s’acheter, l’intello se rend propriétaire d’idées qu’il ne peut soutenir. Je sais pas pour vous, mais je trouve ça très parlant, comme concept. Et même si je trouve que le «Martineau le personnage» est un bon exemple de cette crise intellectuelle, je pense plutôt à des comportements dangereux.

Bon, ma deuxième cible, maintenant: John C. Dvorak. Il est probablement moins connu des Francophones que Martineau qui, lui-même, tient sa notoriété au «Paysage audiovisuel québécois». C’est donc une cible relativement peu risquée pour moi puisque ses fans sont surtout anglophones. Mais je connais personnellement des gens qui l’apprécient, y compris des gens qui liront peut-être ces lignes. Alors il y a quand même un certain risque.

Donc, qui est Dvorak? Pour simplifier, c’est un chroniqueur américain sur les nouvelles technologiques. Un type qui aime bien provoquer en tenant des propos frôlant l’absurdité. Il a parfois été assez explicite sur ses intentions: il provoque les gens pour attirer les lecteurs ou pour obtenir plus de traffic. Dans la logique journaleuse, c’est légitime, mais je crois que c’est aussi une marque d’imposture.

Tout comme avec Martineau, je ne parle pas de l’individu mais bien du personnage. J’ai rien contre Dvorak, que je ne connais pas personnellement. Je le trouve pas spécialement attachant mais j’imagine que j’aurais du plaisir à le rencontrer. Mais je trouve son comportement irrespectueux, méprisant, arrogant et, simplement, inapproprié.

Je pense surtout à ses apparitions sur la baladodiffusion de Leo Laporte, This Week in Tech (TWiT). Mais pas exclusivement. «Dvorak le personnage» est le même, peu importe le contexte. Du moins, c’est l’impression que j’en ai. Sa présence à TWiT est l’objet de discussions, parfois motivée par mes propres réactions. L’idée, c’est que comme Martineau, le personnage est controversé. Ce n’est pas une question de prendre position, pour moi. Mais d’établir un concept.

Comme Martineau, Dvorak est à la fois «grande gueule» et susceptible. Un peu comme Martineau avec Laferrière, Dvorak a eu des difficultés avec Jason Calacanis. Pourtant, Calacanis n’a pas été aussi désobligeant à l’égard de Dvorak que Laferrière a été à l’égard de Martineau. La différence tient peut-être au contexte linguistique (les Anglophones accordent moins d’importance aux «mots d’esprit») mais, aussi, je perçois Calacanis comme quelqu’un de très respectueux et un vrai humaniste. Toujours est-il que, selon ce que j’ai pu comprendre, Dvorak refuse de participer à TWiT si Calacanis est présent. Je crois que le contraire n’est pas vrai: Calacanis semble n’avoir aucune animosité par rapport à Dvorak. Tout au plus, Calacanis s’amuse parfois à imiter Dvorak, ce que Dvorak lui-même fait à l’occasion.

Dvorak est un bougon. C’est un peu le «schtroumpf grognon» de l’actualité technologique. Il participe à une émission intitulée Cranky Geeks, et le terme “cranky” correspond plus ou moins à «irritable» en français. En d’autres termes, il a un «mauvais caractère». Mais cette dimension du personnage n’a que peu d’importance, pour moi, même si c’est un peu la cible de mon billet sur les “curmudgeons”. C’est une attitude que je trouve désagréable et j’ai de la difficulté à lui trouver une valeur positive. Mais je peux accepter cette attitude.

Tant qu’elle n’est pas méprisante.

Selon moi, Dvorak est méprisant et imbu de lui-même. Bien au-delà du style conversationnel à haut engagement (“high involvement style”) dans lequel la parole de l’un peut chevaucher avec la parole de l’autre, John C. Dvorak s’accapare les tours de parole d’une façon si agressive qu’il m’est difficile de croire qu’il ne se prend pas pour l’analyste le plus fin de l’assemblée. Et s’il prétend ramener les intervenants à l’ordre, lors de This Week in Tech, c’est souvent lui qui fait dévier la conversation sur les sujets les plus tangentiels. Oh, j’aime bien les tangentes. Mais la façon dont Dvorak impose ces tangentes me semble littéralement malhonnête.

Et pour revenir au statut d’intello. Dvorak a probablement une intelligence tout à fait raisonnable, selon notre définition de l’intelligence. Je n’ai pas l’impression qu’il manque d’intelligence. Mais, comme Martineau, j’ai l’impression que le personnage comporte une surévaluation de l’intelligence du bonhomme. Dans le cas de Dvorak, c’est surtout une question de faire des prédictions (à l’emporte-pièce), ce qui est parfois considéré comme glorieux quand elles se réalisent (et peut-être pas si désastreux quand elles ne se réalisent pas). Comme Dvorak a fait à peu près n’importe quelle prédiction possible, il devient difficile de le prendre au sérieux. Pas que c’est si important, selon moi, d’être pris au sérieux. Mais, bon, puisque Dvorak parle régulièrement de tout ce qu’il a déjà dit, le personnage donne l’impression que le sérieux est important dans son cas.

Comme avec Martineau, je ne me préoccupe pas tellement de l’individu. Je pense au personnage dans un contexte presque allégorique. Dvorak représente une abstraction de l’intello, celui qui énonce sans écouter. Dvorak est d’ailleurs si insultant et méprisant que le fait de le mettre en parallèle avec Martineau semble insultant pour Martineau. Mais, ça, c’est un personnage.

Un personnage d’intellectuel qui est usurpé par un intello. C’est pas un crime, mais ça mérite un billet.

Et maintenant que je l’écris, ça va me faire plaisir de le publier, sans même le relire, ce billet. C’est exaltant de pouvoir s’exprimer de la sorte.

Bien entendu, je m’attends à recevoir toutes sortes de commentaires désobligeants. Mais je peux vivre avec ça. Encore une fois, mes os ne sont pas de verre.

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Ce que mes amis sont devenus

Quelques anciens de Notre-Dame-de-PontmainOn a bien vieilli!
Quelques anciens de Notre-Dame-de-Pontmain

C’est-tu pas une belle gang, ça? Nous étions quelques anciens de l’école primaire Notre-Dame-de-Pontmain de Laval à bruncher ensemble en ce dimanche, 26 octobre 2008. Une journée à marquer d’une pierre blanche.

via Facebook | Photos de Notre-Dame-de-Pontmain

Il y a quelque-chose de profond dans le fait de revoir des amis d’enfance. Vraiment. C’est un peu difficile à verbaliser, mais ça se comprend bien.

Il y a un peu plus d’un an, je me demandais ce que mes amis étaient devenus. Je cherchais alors à contacter quelques personnes pour les inviter à mon anniversaire de mariage. C’est d’ailleurs en préparant cet anniversaire que j’ai parcouru des réseaux d’anciens. Suite à cet anniversaire, j’ai manifesté ma fierté d’avoir des amis si fascinants. Aujourd’hui, je souhaite de nouveau célébrer l’amitié.

Pour un papillon social, c’est pas très surprenant. J’aime entrer en contact avec les gens, que je les aie connus plus tôt ou non. Que voulez-vous, j’aime le monde. Tel que mentionné dans un billet précédent, je me suis autrefois senti ostracisé. Je sais pas s’il y a une causalité entre mon identité comme papillon social et mon enfance, mais je trouve que c’est un pattern intéressant: le type porté vers les autres, qui passe une enfance plutôt solitaire, devient un papillon social à l’âge adulte. L’image de la «chenille sociale» est assez forte aussi!

Outre la publication de cette photo, ce qui me motive à écrire ce billet c’est Facebook. Si si! Parce que ce petit groupe d’anciens poursuit la discussion. Parce qu’on se «retrouve», dans un sens très profond, grâce à Facebook. Et parce que j’ai revisité ma liste d’amis sur Facebook et je suis encore plus fier.

Voyez-vous, je créais une «liste d’amis» sur Facebook, pour ces anciens du primaire. Cette fonction de liste d’amis sur Facebook est un peu limitée mais elle peut être utile si, comme tout semble l’indiquer, notre groupe d’anciens décide d’organiser d’autres événements. Pour organiser le brunch, j’ai fait parvenir une invitation à tous les membres du groupe Facebook des anciens de notre école alors que j’aurais mieux fait de cibler ceux de ma «cohorte». C’est un petit détail pratique, mais ça m’a permis de réfléchir.

Parce qu’en créant cette liste d’amis, je me suis rendu compte à quel point j’ai une idée assez précise de ce qui me lie à chacun de mes contacts sur Facebook. Dans ce cas-ci, j’ai rapidement pu sélectionner ceux que j’ai rencontrés au primaire, ceux que j’ai connus au secondaire et ceux avec qui je suis allé au Cégep. Parmi les autres, il y a des blogueurs, des musiciens, des spécialistes de la bière et/ou du café, des collègues du milieu académique, quelques amis de mes amis, quelques anciens étudiants et quelques personnes qui ont manifesté un intérêt spécifique à mon égard. Pour le reste, ce sont des gens que j’ai rencontré en-ligne ou hors-ligne, généralement dans un contexte spécifique. Sur 471 contacts que j’ai sur Facebook à l’heure actuelle, moins d’une trentaine (27, pour être précis) que je n’étais pas en mesure d’identifier immédiatement. Parmi eux, peut-être trois ou quatre par rapport auxquels persiste une certaine ambiguïté. Et plusieurs personnes qui font partie de mon réseau direct mais que je n’ai pas rencontré très directement. En d’autres termes, des gens avec qui j’ai des liens moins étroits mais dont la présence dans mon réseau social est «pleine de sens», surtout si on pense aux fameux «liens faibles» (“weak ties”). D’ailleurs, ces liens faibles constituent une part importante de ce que j’ai tendance à appeler «l’effet du papillon social», par référence à l’effet papillon d’Edward Lorenz. Pour mémoire (selon TF1):

Prévisibilité : est-ce que le battement des ailes d’un papillon au Brésil peut déclencher une tornade au Texas?

Enfin… J’inclue surtout cette citation pour conserver quelques notes au sujet de cet effet. C’est une sorte de digression assez égoïste.

Toujours est-il que… Nous disions donc… Ah… Oui!

«Retrouver» mes amis, mes connaissances, mes liens, ça fait battre mes ailes de papillon social.

Flap flap!

L'intellectuel s'assume

Le personnage de l’intellectuel(le) mérite bien son petit billet. D’autant que son identité est venue se loger à plusieurs reprises dans ma vie, ces derniers temps.

(Pour simplifier, et par référence à un contexte universaliste, j’utiliserai le terme «intellectuel» au masculin comme s’il était neutre.)

Oui, bien entendu, je suis moi-même un intellectuel et je m’assume en tant que tel. D’ailleurs, j’ai d’abord pensé intituler ce billet «Confessions d’un intellectuel solidaire» ou quelque-chose du genre. Mais la formule «Confessions d’un <nom><adjectif>» est déjà assez fréquente, sur ce blogue. Et je ne pense pas seulement de façon introspective à ce personnage.

D’ailleurs, c’est en lisant certains trucs au sujet de la fameuse Affaire Dreyfus que m’est venue l’idée d’écrire un billet sur la notion d’«intellectuel». Il s’avère que l’adoption du terme «intellectuel» pour désigner une certaine catégorie d’individu puisse dater de la France de la fin du XIXè siècle, y compris dans son usage anglais. Cette période historique m’a fortement influencé, surtout par la lecture de divers écrivains français de l’époque. Mais c’est moins par désir de reconstituer une réalité historique que je me mets à parler d’intellectuel que par intérêt pour la construction de personnages sociaux, quels qu’ils soient. Penser au fait que l’intellectuel est construit me permet de remettre en contexte social un ensemble de réalités qui m’apparaissent intéressantes. Surtout qu’elles peuvent facilement être liées à la «culture geek» qui m’intéresse tant, en plus de me toucher directement.

Évidemment, ce n’est pas la première fois que l’intellectuel comme personnage se retrouve sur ce blogue. Mais le contexte semblait particulièrement approprié, aujourd’hui.

Faut dire que je suis allé à un petit brunch avec des amis du primaire. Ça ne surprendra personne de savoir que ces amis me considéraient déjà comme un intellectuel à l’époque. Pas qu’ils aient utilisé le terme. Mais l’étiquette était là. Sauf que, contrairement à ce que j’ai ressenti il y a près de trente ans, cette étiquette n’était pas la base d’un rejet.

D’ailleurs, je pense souvent à la théorie de l’étiquetage. Elle était même présente dans un cours de sociologie que j’enseignais l’été dernier. Pour simplifier: les étiquettes qui nous sont collées ont des implications durables dans nos agissements sociaux. Ou, pour citer Howie Becker selon un dictionnaire suisse:

Le comportement déviant est ce que les gens étiquettent comme tel ; le déviant est celui à qui on a réussi à coller cette étiquette

(Évidemment, j’étends la notion d’étiquetage hors de la déviance au sens strict.)

Dans ce contexte, le comportement d’intellectuel est celui qui est étiquetté comme tel. L’intellectuel est celui à qui on a réussi à coller cette étiquette.

Version personnelle (que j’ai même eu l’occasion d’exposer à un ami du primaire): je me comporte en fonction de l’étiquette d’intellectuel qui a été posée sur moi, dès le jeune âge. Pas que cette étiquette est abusive: elle colle parce qu’elle trouve une surface qui s’y prête. Mais le personnage de l’intellectuel n’est pas naturel, universel, atemporel ou dénué d’ambiguïté.

Parlant d’ambiguïté, faudrait penser à le définir, cet intellectuel.

Selon Wikipedia:

Un intellectuel est une personne qui, du fait de sa position sociale, dispose d’une forme d’autorité et s’engage dans la sphère publique pour défendre des valeurs.

Pas mal. C’est un peu la base de mon premier billet sur les intellectuels. L’engagement public prend diverses formes et on comprend le lien avec l’Affaire Dreyfus.

Mais les usages communs du terme (et d’«intellectualisme» et “intellectualism“) semblent aller dans diverses autres directions. D’abord, la notion d’une intelligence «supérieure» (que les cognitivistes relativisent si bien mais qui semble consensuelle, socialement). Cette perception de l’intelligence est liée à une forme d’élitisme, l’intellectuel fait partie d’une élite particulière et exclue parfois ceux qui n’en font pas partie. Puis il y a la notion de «rationalité», l’intellectuel conçu comme étant «loin de ses émotions». Ou la maladresse et le manque d’aptitudes manuelles, le terme «intellectuel» alors utilisé pour exprimer un certain mépris. Pour aller plus loin, on peut même dire que le fait de souscrire à un certain dualisme «corps/esprit» est souvent teinté d’«intellectualisme».

Ces dénotations et connotations me semblent toutes appropriées pour décrire un type précis d’intellectuel: le «geek» (j’aime bien «geekette» pour le féminin; il y a relativement peu de femmes geeks). Le personnage du geek est une part important du stéréotype contemporain lié à l’intellectuel. Contrairement au «nerd» des années 1980, le geek a désormais une place de choix au sein de la culture populaire. Et la réhabilitation du geek constitue un mouvement contraire à une vague d’anti-intellectualisme très patente aux États-Unis et dans d’autres sociétés post-industrielles.

Penser au geek en tant qu’intellectuel permet de situer le personnage dans son contexte social. D’un point de vue professionnel, le geek typique est souvent ingénieur, informatien ou scientifique. Le contexte scolaire a souvent accordé beaucoup d’importance aux notes qu’il obtenait. Il est peut-être très apte à entreprendre diverses activités manuelles, il peut même «travailler de ses mains autant que de sa tête», mais son intellect demeure valorisé. C’est «un cerveau», un “brainiac”. Pas que son «niveau d’intelligence» est nécessairement plus élevé que la moyenne, mais le type particulier d’intelligence qui le caractérise correspond largement à l’idée qu’on se fait généralement du «quotient intellectuel»: capacité d’abstraction, sens logique, rapidité à résoudre des équations ou à se remémorer une information, minutie…

Pour revenir à la construction sociale du personnage de l’intellectuel. Malgré certaines transformations au cours du dernier siècle, l’intellectuel conserve un statut social particulier. Dans un modèle d’économie politique (à la fois dans sa version capitaliste que socialiste), l’intellectuel fait partie d’une espèce de classe sociale avec ses caractéristiques particulières. C’est un type de «col blanc» qui ne fait pas un travail très routinier. C’est aussi l’individu qui bénéficie du privilège lié à l’éducation post-secondaire dans les sociétés post-industrielles. C’est celui qui a le loisir de lire et de parfaire son apprentissage. C’est le public-cible de «La Culture», au sens raffiné du terme. C’est peut-être même un snob, un personnage hautain, l’opposé du «vrai monde».

Et c’est là que le mode introspectif me fait réagir: je suis peut-être un intellectuel, mais je suis pas snob. Si je suis «anti-» quoi que ce soit, c’est anti-snob. Et je ne considère pas l’intellectuel comme plus intelligent qu’un autre. Je considère surtout l’intellectuel comme une création des sociétés post-industrielles, basées sur la division pointue du travail social. Même que, ce snobisme, c’est ce qui me dérange le plus du fait d’être intellectuel. C’est probablement pour ça que, même si je m’assume comme intellectuel, je tente souvent d’effacer cette étiquette. «Je suis un intellectuel mais je suis aussi un bon gars.»

Dans mon cas, le fait d’être considéré comme un intellectuel a beaucoup de lien avec mon éloquence perçue. On m’a toujours considéré comme éloquent. Enfant, déjà, je «parlais bien». Du moins, c’est ce qu’on a dit de moi (pas plus tard qu’aujourd’hui). Bon, d’accord, comme l’art oratoire a toujours été valorisé dans ma famille, j’ai probablement été porté à m’amuser avec le verbe. Aussi, je lisais déjà beaucoup, enfant. Et j’écrivais: à l’âge de dix ans, je tapais à la dactylo un petit texte au sujet de la perfection (qui semble logiquement impossible puisqu’elle est une absence de défaut). Et j’avais l’occasion de m’exprimer. Auprès d’adultes, surtout.

D’ailleurs, c’est probablement un point très important. Tout jeune, j’avais des rapports assez étroits avec plusieurs adultes (des amis de mes parents, surtout). J’étais souvent le seul enfant parmi de nombreux adultes. Plusieurs d’entre eux étaient profs (comme mon père). On m’écoutait avec intérêt. Dans une certaine mesure, j’étais presque pavané comme un animal de cirque qui pouvait discourir sur tout et sur rien. Mon père a souvent parlé de tout ça comme d’un problème fondamental. Peut-être par extension, mon étiquette d’intellectuel était perçue comme un problème. Fondamental.

Je considère aujourd’hui que je me suis bien développé. Je suis ce que j’ai toujours voulu être et je peux parfois faire ce que j’ai toujours voulu faire. Je devrais pas avoir honte.

D’être un intellectuel.

Confessions of a Blogwriter

A couple of days ago, a friend (and fellow blogger) asked me about the motivation behind my recent intello-bullying post. This friend assumed that a major event had triggered this type of rant. Got me thinking about the way I prepare blogposts. And I want to follow up on that bullying post. So I thought I’d combine the two. Especially since metablogging isn’t by itself that much fun. But it’s not working.

So I’ll just write about blog writing.

 

See, the way I write may be more idiosyncratic than I assume it is. In general, I tend to write very quickly, after having let something simmer for a while. On this, here, my main blog, I tend to post when I have something which smells like it’s ready for some kind of public consumption. Sometimes, I do blog quickly, right after having noticed some “story” which is “unfolding.” But my tendency is to leave things on the back burner. I did write quite a few drafts, several of which aren’t published yet. But my habit, these days, is to keep these drafts as headnotes, instead of cluttering my WordPress.com dashboard.

Though this all sounds like a contradiction to my RERO mantra, I hear it as a corrolary of RERO. Or, at least, a method which allows me to make my RERO goal more realistic.

In my head, it all makes sense. Feel free to ask if it sounds really unclear.

In general, I like to use posts to connect a few things together. One reason is that connecting issues is “the way I roll,” in my life in general. Another is that it tends to enable me to take a step back from a given issue. Plus, it’s more efficient for me to put different things in a single post than writing different posts, one after the other. What’s more, microblogging (on Identi.ca and Twitter, especially) has taken over the “immediate blogging” and “compulsive writing” functions I would occasionally assign to my blog. Facebook allows me to do all sorts of other things that people do on blogs, like sharing cool videos and commenting on news items.

Which makes my blogging activities more “compartmentalized” and more limited.

 

So… How do I write blogposts?

Well, I typically start from a vague idea, floating in my head. Most of the time, I leave that vague idea there, in my head. If I think I can write a full blogpost right away, from that idea, meaning that I seem to have enough time to do so, I may blog right away. But, again, microblogging has taken that space in my life, over the past several months. So most of my blogposts are written after some of the main ideas had been “sitting in my brain” for a while. These vague ideas are sometimes related to specific things I’ve heard or read. Even when it’s the case, those vague ideas take part in a broader context which include ongoing reflections or discussions, in my life. Some ideas come back at different points in my life, like the social butterfly effect about which I first thought in 2005 and am now toying with, on a fairly regular basis. Other ideas are more situated in a time period. The latter is especially clear with reflections which happen while I teach.

So I get all sorts of vague ideas in my head. I keep them on several backburners. I let them influence one another. I may mention one or two of those ideas in conversations I have offline or online.

Occasionally, I may take a few notes about those vague ideas. I tend to take a lot of notes. About anything. From just about anywhere. And stashed in about any corner of my digital life. On my Gmail account, as draft blogposts, as Notes on my iPod touch, etc. I’ve put aside a number of note-taking methods, over the years. Some I might take up again, others which have been completely replaced. For instance, my iPod touch has completely replaced the PalmOS PDAs I had been using for about ten years. But it’s possible that I might resume my use of Evernote, OneNote, or Windows Live Writer. I still wish I had a good outliner. Little known fact about me: I’m an outliner freak. Evernote doesn’t do outlining and OneNote doesn’t really cut it either. For course material, I’ve resorted to outline mode in PowerPoint (or, more recently, OpenOffice Impress).

Still, on most occasions related to blogging, I keep headnotes. In a way, it enables me to sort out the most important issues about which I want to blog. If something really sticks in my head, “there might be something, there.” IOW, I use forgetting (and absent-mindedness) as a time-management strategy. Not sure Merlin Mann would aprove of my method, but I’m quite happy with it.

At some point in the process, I decide which “code” I’ll use in writing: language, main register, tone, and style. This decision is sometimes conscious, especially when I decide to write something in French. But code selection is also where I take decisions without even noticing. Sometimes, the object imposes the code. Or maybe I’m just in a mood to use a specific tone, as has happened on a few occasions when I felt a bit ranty or snarky. And I do eventually notice the implications of my choice of code. But it’s funny to realize how “unconscious” this process can be.

Once I’m ready to blog, I usually start from some kind of webpage, especially if there’s another blogpost available. Sometimes, it might be one of my own blogposts (typically, because the ideas behind my new post take part in an ongoing reflection of mine). Or it can be some content that I find after having thought of something I want to blog. In other words, I often go and look for a page which will serve as the starting point in my actual writing session. Though it may sound as if I’m blogging another blog entry, I’m frequently using another blogpost as a “pretext,” in multiple senses of that word. One reason I do this is that I like pings and trackbacks. I’m not that concerned about these. Some trackbacks don’t seem to work and I’m not even trying to rectify the situation. I just like to use trackbacks whenever I can. Though I do wish that some of those trackbacks may help get the attention of someone, it’s mostly about striking a conversation or even about sustaining a relationship. I’ve made a few friends through trackbacks and there’s nothing a social butterfly like me enjoys more, from blogging, than making new friends.

So, when I have a relevant webpage in front of me, I usually click on a bookmarklet which allows me to start a new blogpost with the full link (URL plus title) and, sometimes, a quote from that webpage.

(Bookmarklets are gravely underrated, IMHO. Probably because they’re too simple. But they’re, really, very convenient. Sometimes, I use them repeatedly to collect full links from multiple pages to which I want to link a post I’m writing. I know there are other methods but this one makes sense in my workflow.)

Once I have a blank page with a convenient link, I just start typing. More often than not, I’ve already prepared some complete sentences that I wanted to use in that post. In some cases, I even have a fairly detailed outline of what I want to write. In those cases when I do have a structure in mind, I usually end up cutting a lot off. Much of that extra content might simply become part of other activities of mine. I do the same thing when I prepare lesson plans for a course I teach, so it’s a rather well-ingrained habit.

As I type, I refer back to  some of my headnotes. This is actually when forgetting connects with RERO. If I have a difficult time retrieving some of the points I wanted to blog, I assume that they weren’t that essential or that I’ll have other occasions to use them in the future. So it allows me to restrain my blogging session a bit. This may sound a bit counterintuitive, but not keeping a clear plan often helps me to not devolve too much time to writing.

While I write, I often look for other links to include (including to acronyms I use), I check some things online, and I look for the right word. I never agonize on any of this but it can take a significant amount of time. Still, I write pretty painlessly and rather quickly. I’d say my average is probably around a thousand to 1500 words or more an hour, including lookups and link additions. I never really checked, but it sounds about right for most unproblematic writing. Maybe it’s not so quick when compared to others, but anecdotal evidence seems to show that a number of people I know who write a fair deal (without being practicing journalists) take more time to write.

As is surely very obvious, I allow myself to go on many tangents, as I type. In my blogging activities, most of these tangents are kept in the final version of my blogpost. In other types of writing, especially formal writing or any type of writing with high stakes (say, a very diplomatic message written as a way to help solve a tricky issue), I can leave very significant sections out of the finished piece of writing. In fact, I’ve written fairly long messages to replace them with a single sentence. IOW, I do censor myself outside of blogging. But I mainly do so after having written.

Though my mind doesn’t really work in linear ways, my blog writing does tend to be fairly linear. I may go back and forth between paragraphs but, as I write, I tend to go pretty sequentially from one thought to the next. OTOH, I never worry about sequence as I write anything. I think about the text as a whole, about the detail of what I’m writing, but I pay relatively little attention to how it flows from one paragraph to the next. What’s funny is that this might be the part of my writing which has changed the msot, with experience. I used to be more concerned with finding the most appropriate way to connect paragraphs or sentences within a paragraph. After having been told that, at least when writing in English, I should use less connecting words, I learnt to not worry as much. I’m sure I still use way too many connecting words than is deemed appropriate by native speakers (I also use too many parentheses, too many quotes, too many adverbs, too many words…). But I’m “choosing my fights.”

Once I’m done with a draft of the main text, I go through the whole thing again. Sometimes, I edit very little. With shorter texts, especially texts with very low stakes, I don’t even copyedit. With blogposts on this blog, my second pass through the text is usually the time I use for listing categories and tags (yes, those things I make way too extended a use of). That second pass is also the one during which I switch the order of some paragraphs, look a bit more at the structure, etc. In more formal writing, this would also be the time at which I settle on some headers. When I use an outliner, the process is mostly one of replacing a keyword by some kind of title.

I sometimes do a third pass, especially if I’ve added significant amounts of text during the second pass or if the text is a bit tricky in its potential consequences. In more formal writing, the second pass is merely about structure, the third pass is more about proofreading/copy-editing, and I may go through the text a few more times afterwards. In some cases (outside of blogging), I do occasionally start over. Sometimes, starting over is even a kind of cathartic experience. But my writing habits have stabilized enough at this point that my subsequent passes through a text tend not to change that text so much.

In blogging, I even “push  the envelope” in terms of posting something even when it’s not to my liking. I often get an alea jacta es moment and I occasionally tell myself «les jeux sont faits, rien ne va plus».

In the case of this specific blogpost, I’ve pretty much decided not to edit at all. I’ll add tags and categories and I’ll press publish.

RERO!!!!

Intello-Bullying

A topic which I’ll revisit, to be sure. But while I’m at it…
I tend to react rather strongly to a behaviour which I consider the intellectual equivalent of schoolyard bullying.
Notice that I don’t claim to be above this kind of behaviour. I’m not. In fact, one reason for my blogging this is that I have given some thought to my typical anti-bullying reaction. Not that I feel bad about it. But I do wonder if it might not be a good idea to adopt a variety of mechanisms to respond to bullying, in conjunction with my more “gut response” knee-jerk reactions and habits.
Notice also that i’m not describing individual bullies. I’m not complaining about persons. I’m thinking about behaviour. Granted, certain behaviours are typically associated with certain people and bullying is no exception. But instead of blaming, I’d like to assess, at least as a step in a given direction. What can I do? I’m an ethnographer.
Like schoolyardb bullying, intello-bullying is based on a perceived strength used to exploit and/or harm those who perceived as weaker. Like physical strength, the perception of “intellectual strength” on which intello-bullying is based needs not have any objective validity. We’re in subjectivity territory, here. And subjects perceive in patterned but often obscure ways. Those who think of themselves as “strong” in intellectual as well as physical senses, are sometimes the people who are insecure as to their overall strengths and weaknesses.
Unlike schoolyard bullying, intello-bullying can be, and often is, originated by otherwise reasonably mature people. In fact, some of the most agressive intello-bullying comes from well-respected “career intellectuals” who “should know better.” Come to think of it, this type of bullying is probably the one I personally find the most problematic. But, again, I’m not talking about bullies. I’m not describing people. I’m talking about behaviour. And implications if behaviour.
My personal reactions may come from remnants of my impostor syndrome. Or maybe they come from a non-exclusive sense of self-worth that I found lying around in my life, as I was getting my happiness back. As much I try, I can’t help but feel that intello-bullying is a sign of intellectual self-absorption, which eventually link to weakness. Sorry, folks, but it seems to me that if you feel the need, even temporarily, to impose your intellectual strength on those you perceive as intellectually weak, I’ll assume you may “have issues to solve.” in fact, I react the same way when I perceive my own behaviour as tantamount to bullying. It’s the behaviour I have issues with. Not the person.
And this is the basis of my knee-jerks: when I witness bullying, I turn into a bully’s bully. Yeah, pretty dangerous. And quite unexpected for a lifelong pacifist like yours truly. But, at least I can talk and think about it. Unapologetically.
You know, this isn’t something I started doing yesterday. In fact, it may be part of a long-standing mission of mine. Half-implicit at first. Currently “assumed,” assessed, acknowledged. Accepted.
Before you blame me for the appearance of an “avenger complex” in this description, please give some more thought to bullying in general. My hunch is that many of you will admit that you value the existence of anti-bullies in schoolyards or in other contexts. You may prefer it if cases of bullying are solved through other means (sanction by school officials or by parents, creation of safe zones…). But I’d be somewhat surprised if your thoughts about anti-bullying prevention left no room for non-violent but strength-based control by peers. If it is the case, I’d be very interested in your comments on the issue. After all, I may be victim of some idiosyncratic notion of justice which you find inappropriate. I’m always willing to relativize.
Bear in mind that I’m not talking about retaliation. Though it may sound like it, this is no “eye for an eye” rule. Nor is it “present the left cheek.” it’s more like crowd control. Or this form of “non-abusive” technique used by occupational therapists and others while helping patients/clients who are “disorganizing.” Basically, I’m talking about responding to (intello-)bullying with calm but some strength being asserted. In the case of “fighting with words,” in my case, it may sound smug and even a bit dismissive. But it’s a localized smugness which I have a hard time finding unhealthy.
In a sense, I hope I’m talking about “taking the high road.” With a bit of self-centredness which has altruistic goals. “”I’ll act as if I were stronger than you, because you used your perceived strength to dominate somebody else. I don’t have anything against you but I feel you should be put in your place. Don’t make me go to the next step through which I can make you weep.”
At this point, I’m thinking martial arts. I don’t practise any martial art but, as an outsider, I get the impression this thinking goes well with some martial arts. Maybe judo, which allegedly relies on using your opponent’s strength. Or Tae Kwon Do, which always sounded “assertive yet peaceful” when described by practitioners.
The corrolary of all this is my attitude toward those who perceive themselves as weak. I have this strong tendency to want them to feel stronger. Both out of this idiosyncratic atttude toward justice and because of my compulsive empathy. So, when someone says something like “I’m not that smart” or “I don’t have anything to contribute,” I switch to the “nurturing mode” that I may occasionally use in class or with children. I mean not to patronize, though it probably sounds paternalistic to outside observers. It’s just a reaction I have. I don’t even think its consequences are that negative in most contexts.
Academic contexts are full of cases of intello-bullying. Classrooms, conferences, outings… Put a group of academics in a room and unless there’s a strong sense of community (Turner would say “communitas”), intello-bullying is likely to occur. At the very least, you may witness posturing, which I consider a mild form of bullying. It can be as subtle as a tricky question ask to someone who is unlikely to provide a face-saving answer and it can be as aggressive as questioning someone’s inteligence directly or claiming to have gone much beyond what somebody else has said.
In my mind, the most extreme context for this type of bullying is the classroom and it involves a teacher bullying a learner. Bullying between isn’t much better but, as a teacher, I’m even more troubled by the imposong authority structure based on status.

I put “cyber-bullying” as a tag because, in my mind, cyber-bullying (like trolling, flamebaiting and other agressive behaviours online) is a form of intello-bullying. It’s using a perceived “intellectual strength” to dominate. It’s very close to schoolyard bullying but because it may not rely on a display of physical strength, I tend to associate it with mind-based behaviour.
As I think about these issues, I keep thinking of snarky comments. Contrary to physical attacks, snarks necessitate a certain state of mind to be effective. They need to tap on some insecurity, some self-perceived weakness in the victim. But they can be quite dangerous in the right context.
As I write this, I think about my own snarky comments. Typically, they either come after some escalation or they will be as indefinite as possible. But they can be extremely insulting if they’re internalized by some people.
Two come from a fairly known tease/snark. Namely

If you’re so smart, why ain’t you rich?

(With several variants.)

I can provide several satisfactory answers to what is ostensibly a question. But, as much as I try, I can’t relate to the sentiment behind this rhetorical utterance, regardless of immediate context (but regardful of the broader social context). This may have to do with the fact that “getting rich” really isn’t my goal in life. Not only do I agree with the statement that “money can’t buy happiness” and do I care more about happiness than more easily measurable forms of success, but my high empathy levels do include a concept of egalitarianism and solidarity which makes this emphasis on wealth sound counter-productive.

Probably because of my personal reactions to that snark, I have created at least two counter-snarks. My latest one, and the one which may best represent my perspective, is the following:

If you’re so smart, why ain’t you happy?

With direct reference to the original “wealth and intelligence” snark, I wish to bring attention to what I perceive to be a more appropriate goal in life (because it’s my own goal): pursuit of happiness. What I like about this “rhetorical question” is that it’s fairly ambiguous yet has some of the same effects as the “don’t think about pink elephants” illocutionary act. As a rhetorical question, it needs not be face-threatening. Because the “why aren’t you happy?” question can stand on its own, the intelligence premise “dangles.” And, more importantly, it represents one of my responses to what I perceive as a tendency (or attitude and “phase”) associating happiness with lack of intelligence. The whole “ignorance is bliss” and «imbécile heureux» perspective. Voltaire’s Candide and (failed) attempts to discredit Rousseau. Uses of “touchy-feely” and “warm and fuzzy” as insults. In short, the very attitude which makes most effectively tricks out intellectuals in the “pursuit of happiness.”

I posted my own snarky comment on micro-blogs and other social networks. A friend replied rather negatively. Though I can understand my friend’s issues with my snark, I also care rather deeply about delinking intelligence and depression.

A previous snark of mine was much more insulting. In fact, I would never ever use it with any individual, because I abhor insulting others. Especially about their intelligence. But it does sound to me like an efficient way to unpack the original snark. Pretty obvious and rather “nasty”:

If you’re so rich, why ain’t you smart?

Again, I wouldn’t utter this to anyone. I did post it through social media. But, like the abovementioned snark on happiness, it wasn’t aimed at any specific person. Though I find it overly insulting, I do like its “counterstrike” power in witticism wars.

As announced through the “placeholder” tag and in the prefacing statement (or disclaimer), this post is but a draft. I’ll revisit this whole issue on several occasions and it’s probably better that I leave this post alone. Most of it was written while riding the bus from Ottawa to Montreal (through the WordPress editor available on the App Store). Though I’ve added a few things which weren’t in this post when I arrived in Montreal (e.g., a link to NAPPI training), I should probably leave this as a “bus ride post.”

I won’t even proofread this post.

RERO!

Buzz Factor

I have an ambivalent relationship with buzzwords and buzzphrases. I find them dangerous, especially when they contribute to groupthink, but I also like to play with them. Whether I try (perhaps clumsily) to create some or I find one to be useful in encapsulating insight.

The reason I’m thinking about this is that I participated in the PodCamp Montreal UnConference, giving a buzzphrase-laden presentation on social media and academia (or “social acamedia,” as I later called it).

[slideshare id=609833&doc=socialacamedia-1221997312636223-9&w=425]

I’ll surely revisit a number of notes I’ve taken (mostly through Twitter) during the unconference. But I thought I’d post something as a placeholder.

Some buzzphrases/-words I’ve been known to use should serve as the bases for explanations about a few things I’ve been rambling about the past few years.

Here are a few (some of which I’ve tried to coin):

Not that all of these paint a clear picture of what I’ve been thinking about. But they’re all part of a bigger framework through which I observe and participate in Geek Culture. One day, I might do a formal/academic ethnography of the Geek Crowd.

Omnivoring Conspiracies

Yup, I occasionally like to jump on bandwagons. Especially when they’re full of food and is being mentioned in a video presenting a cool local event in which I happen to take part. Alejna put the final nail in that coffin with her own use of that list.

From the Very Good Taste blog:

Very Good Taste » blog » The Omnivore’s Hundred.

So, here goes. A list of food items used as a “meme.”

The rules:

1) Copy this list into your blog or journal, including these instructions.

2) Bold all the items you’ve eaten.

3) Cross out any items that you would never consider eating.

4) Optional extra: Post a comment here at www.verygoodtaste.co.uk linking to your results.

1. Venison (I like game)

2. Nettle tea (also nettle wine)

3. Huevos rancheros (but I prefer migas)

4. Steak tartare (especially horse tartare)

5. Crocodile (not yet)

6. Black pudding (not that I really like it but I did have some)

7. Cheese fondue (several different types, including Fribourg’s moitié-moitié, “tarragon fondue” served on potatoes, and the three cheese classic)

8. Carp (fished by hand)

9. Borscht (only once or twice in restaurants)

10. Baba ghanoush (pretty common)

11. Calamari (I prefer fried over stuffed)

12. Pho (in my list of comfort foods, with bánh mỳ)

13. PB&J sandwich (not that frequently)

14. Aloo gobi (had some this afternoon, as a matter of fact)

15. Hot dog from a street cart (although Montreal has rules against them)

16. Epoisses (not sure I did; does it taste a bit like cancoillotte? I do remember having that…)

17. Black truffle (not by itself, though)

18. Fruit wine made from something other than grapes (especially if apfelwein counts, but I’ve tasted other fruit wines)

19. Steamed pork buns (why would you have dim sum and avoid those?)

20. Pistachio ice cream (one that I had recently was especially yummy)

21. Heirloom tomatoes (I tend to be rather picky about tomatoes and I should have heirloom ones more frequently)

22. Fresh wild berries (oh, yes! I’m not a big fan of strawberries but wild strawberries are very nice. And the raspberries! Oh, the raspberries! Throughout Quebec, wild berries are really very common.)

23. Foie gras (though not on a poutine)

24. Rice and beans (for a while, it became my mainstay dish)

25. Brawn, or head cheese (and I’ve helped make some)

26. Raw Scotch Bonnet pepper (not raw but I’ve had a fair bit cooked)

27. Dulce de leche (only discovered it a few years ago but it does go in the comfort food list)

28. Oysters (though I tend to prefer them au gratin than raw)

29. Baklava (I especially like the pistacchio ones but they’re always good anyway)

30. Bagna cauda (Nope! Sounds interesting, though.)

31. Wasabi peas (what I like about these is that the spiciness is just a short little tinge and it leaves your tastebuds able to taste other things)

32. Clam chowder in a sourdough bowl (the first time may have been at Tufts)

33. Salted lassi (I like those kinds of tastes, almost reminds me of Tibetan tea)

34. Sauerkraut (just tonight, in fact!)

35. Root beer float (and tried other float experiments)

36. Cognac with a fat cigar (I don’t smoke but I did visit some distilleries in the Cognac region)

37. Clotted cream tea (only clotted cream on scones, to accompany tea)

38. Vodka jelly/Jell-O (only a few times: not my kind of thing)

39. Gumbo (I especially like it in Malian tô but I had some Indian gumbo this afternoon)

40. Oxtail (Swiss style)

41. Curried goat (not sure, actually; I’ve had goat, I’ve had curried meats, not sure about curried goat)

42. Whole insects (I’m not against it but I haven’t seeked that out as a culinary experience)

43. Phaal (I don’t think I did but I do like some South Indian dishes like that)

44. Goat’s milk (I’ve had yoghurt, ice cream, and cheese made of goat’s milk but not goat’s milk by itself)

45. Malt whisky from a bottle worth £60/$120 or more (I’m guessing the cask strength Oban was worth something like that. If not, some of our tasting sessions in Scotland may have including something like this.)

46. Fugu (nope, but I’ve been intrigued)

47. Chicken tikka masala (all the Indian chicken dishes I like)

48. Eel (mostly in sushi)

49. Krispy Kreme original glazed doughnut (overrated)

50. Sea urchin (mostly in a paste with sake: delicious)

51. Prickly pear (I’m pretty sure I did and I know I’ve had it in juice)

52. Umeboshi (sounds good, though! I’m pretty much a drupe-lover)

53. Abalone (I like most molluscs so I’m guessing I’d like it)

54. Paneer (made some: fun and tasty)

55. McDonald’s Big Mac Meal (way back when…)

56. Spaetzle (very common in Switzerland)

57. Dirty gin martini (I probably prefer it without the olive juice, though I like a dry martini with olives)

58. Beer above 8% ABV (I’ve made some)

59. Poutine (Quebec cuisine FTW!)

60. Carob chips (these were trendy at some point)

61. S’mores (a friend made an espresso drink based on those)

62. Sweetbreads (not among my favourite but we’ve done ris de veau at a restaurant where I used to work)

63. Kaolin (clay??)

64. Currywurst (I like pretty much all sausage dishes, though)

65. Durian (heard about it, intrigued about the smell)

66. Frogs’ legs (though most French-Canadians have never eaten them, it’s still the reason we’re called frogs)

67. Beignets, churros, elephant ears or funnel cake (and queue de castor)

68. Haggis (nope, but intriguing)

69. Fried plantain (we even did a whole “fried food” event and fried plantain was a big success)

70. Chitterlings, or andouillette (not among my favourites)

71. Gazpacho (our family version is chunky but I’ve had other versions)

72. Caviar and blini (thanks to French housemates)

73. Louche absinthe (as well as straight)

74. Gjetost, or brunost (sounds interesting)

75. Roadkill (although, it depends how it’s prepared)

76. Baijiu (I’m pretty sure I did but it might have been another liquor)

77. Hostess Fruit Pie (sometimes, convenience store food just makes sense)

78. Snail (especially in garlic butter)

79. Lapsang souchong (among my favourite teas, along with genmaicha)

80. Bellini (I remember the taste so I guess I’ve had it, but I’m not positive)

81. Tom yum (I tend to be picky about it but I do enjoy it)

82. Eggs Benedict (and all sorts of variations on the theme)

83. Pocky (had similar chocolate coate cookies but I’m not sure they taste the same)

84. Tasting menu at a three-Michelin-star restaurant. (If only…)

85. Kobe beef (I’m trying to remember… I’ve had tasty Japanese beef but it probably wasn’t ever kobe)

86. Hare (and my ex-wife used to hunt them, as a kid)

87. Goulash (one that I remember was at Les Assassins, in Paris, but it had more to do with the settings)

88. Flowers (not whole fresh ones, though)

89. Horse (among my favourite meats)

90. Criollo chocolate (I probably did but it wasn’t pointed out)

91. Spam (I don’t dislike it but it’s not really my thing)

92. Soft shell crab (I did fish for soft shell crab but we didn’t eat them)

93. Rose harissa (didn’t know about that one but I love harissa)

94. Catfish (one of the first times was as a sandwich at the bus station in Gary, IN and I really liked it)

95. Mole poblano (and if I were still in Austin, I’d be having it regularly)

96. Bagel and lox (especially with real Montreal-style bagels, which I much prefer to New York style ones)

97. Lobster Thermidor (I prefer lobster with garlic butter)

98. Polenta (both as part of savoury dishes and with jam)

99. Jamaican Blue Mountain coffee (as overrated as overrated can get)

100. Snake (but I imagine I’d like it)

My impression of the list is that it’s somewhat typical of “foodie culture” among Anglo-Americans. Many of these items are quite common in different parts of the world yet they represent “novelty items” in the UK/US. A few items have to do with actual rarity (the rose harissa is a good example) and I perceive foodie culture to be typically oriented toward “making sure you’ve tasted all the rarest items at least once.”

Of course, the list includes a number of items which are supposed to gross out people. In fact, that’s probably a big part of “the whole thing,” the concept behind the “meme.” Though any food culture has a distinction between edible and inedible items, this emphasis on “grossing out” is, I find, very typical of Anglo-American attitudes toward food. In a way, food is compartmentalized by what is perceived as its very nature and little attention is paid to the joy of eating as a social process. In fact, this list places food smack in the middle of consumption culture and takes it away from the culture of experience.

I mentioned that I find Blue Mountain coffee and Krispy Kreme donuts to be overrated. The fact that they’re part of the list seems significant, in my mind. I perceive Krispy Kreme to be a “mass-marketed fad,” even though the donuts are decent. Blue Mountain coffee beans are a bigger issue. Those who don’t know coffee seem to associate certain broad coffee varietals with quality coffee and expensive coffee beans with a guarantee of quality. There are diverse problems with that. Between the quality of the varietal and the taste of the cup are a large number of factors including the specific estate, the specific crop, the picking method, the washing method, the roasting process, the freshness of the beans, and the whole brewing process (including grinding, water, manipulation, and device).

I’ve had coffee made with very expensive beans (more expensive than Blue Mountain) that was really very good and I’ve had much less expensive coffee which produced a wonderful cup. Blue Mountain coffee I’ve had tended to fall below my threshold for quality coffee. Same thing with most Kona beans. And though I’ve never had kopi luwak, I don’t necessarily want to try it just because it’s a novelty item.

One thing about my own list… There are several things which I’m unsure about. It may look like I’m not paying attention or that I’m pretending that I’ve had “the real thing.” But I tend to pay a lot of attention to experience, not to brands or novelty. For instance, I’m quite convinced I’ve had chocolate made from criollo varieties of beans. The criollo varieties might even have been mentioned when I was eating (or drinking) that chocolate. I certainly remember hearing about criollo varieties. But I care more about the taste of a specific chocolate at a given time, in a given context than about making sure I’ve had what’s considered the most “refined” version.

I’m more one to seek out a slightly better muffin. Or, more accurately, I’m one to try out muffins at different places and keep in mind something nice about all the pleasant muffin experiences I’ve had. I have in mind a generic “muffinness” and there are times when I feel like having a specific kind of muffin. But I’m never claiming that one muffin is intrinsically better than the other. Even when I say something is “good” or “better,” I never really have standards in mind, absolute or relative.

One thing I do like about this Omnivore list is that it pushed me to think about different food items. I quite enjoy thinking about food. And the list does include items which are fairly diverse (though they’re all available in semi-mainstream Anglo-American locations). There are patterns (in terms of Indian and Japanese cuisines, for instance), but it’s still a bit more open-minded than the typical stripmall. About the same level of openness to the world’s culinary diversity as a Whole Foods location.

Come to think of it, what if this list had been planted as a way to assess interest for items to be sold by a supermarket chain?

It’s all a conspiracy.

Apologies and Social Media: A Follow-Up on PRI's WTP

I did it! I did exactly what I’m usually trying to avoid. And I feel rather good about the outcome despite some potentially “ruffled feathers” («égos froissés»?).

While writing a post about PRI’s The World: Technology Podcast (WTP), I threw caution to the wind.

Why Is PRI’s The World Having Social Media Issues? « Disparate.

I rarely do that. In fact, while writing my post, I was getting an awkward feeling. Almost as if I were writing from a character’s perspective. Playing someone I’m not, with a voice which isn’t my own but that I can appropriate temporarily.

The early effects of my lack of caution took a little bit of time to set in and they were rather negative. What’s funny is that I naïvely took the earliest reaction as being rather positive but it was meant to be very negative. That in itself indicates a very beneficial development in my personal life. And I’m grateful to the person who helped me make this realization.

The person in question is Clark Boyd, someone I knew nothing about a few days ago and someone I’m now getting to know through both his own words and those of people who know about his work.

The power of social media.

And social media’s power is the main target of this, here, follow-up of mine.

 

As I clumsily tried to say in my previous post on WTP, I don’t really have a vested interest in the success or failure of that podcast. I discovered it (as a tech podcast) a few days ago and I do enjoy it. As I (also clumsily) said, I think WTP would rate fairly high on a scale of cultural awareness. To this ethnographer, cultural awareness is too rare a feature in any form of media.

During the latest WTP episode, Boyd discussed what he apparently describes as the mitigated success of his podcast’s embedding in social media and online social networking services. Primarily at stake was the status of the show’s Facebook group which apparently takes too much time to manage and hasn’t increased in membership. But Boyd also made some intriguing comments about other dimensions of the show’s online presence. (If the show were using a Creative Commons license, I’d reproduce these comments here.)

Though it wasn’t that explicit, I interpreted Boyd’s comments to imply that the show’s participants would probably welcome feedback. As giving feedback is an essential part of social media, I thought it appropriate to publish my own raw notes about what I perceived to be the main reasons behind the show’s alleged lack of success in social media spheres.

Let it be noted that, prior to hearing Boyd’s comments, I had no idea what WTP’s status was in terms of social media and social networks. After subscribing to the podcast, the only thing I knew about the show was from the content of those few podcast episodes. Because the show doesn’t go the “meta” route very often (“the show about the show”), my understanding of that podcast was, really, very limited.

My raw notes were set in a tone which is quite unusual for me. In a way, I was “trying it out.” The same tone is used by a lot of friends and acquaintances and, though I have little problem with the individuals who take this tone, I do react a bit negatively when I hear/see it used. For lack of a better term, I’d call it a “scoffing tone.” Not unrelated to the “curmudgeon phase” I described on the same day. But still a bit different. More personalized, in fact. This tone often sounds incredibly dismissive. Yet, when you discuss its target with people who used it, it seems to be “nothing more than a tone.” When people (or cats) use “EPIC FAIL!” as a response to someone’s troubles, they’re not really being mean. They merely use the conventions of a speech community.

Ok, I might be giving these people too much credit. But this tone is so prevalent online that I can’t assume these people have extremely bad intentions. Besides, I can understand the humour in schadenfreude. And I’d hate to use flat-out insults to describe such a large group of people. Even though I do kind of like the self-deprecation made possible by the fact that I adopted the same behaviour.

Whee!

 

So, the power of social media… The tone I’m referring to is common in social media, especially in replies, reactions, responses, comments, feedback. Though I react negatively to that tone, I’m getting to understand its power. At the very least, it makes people react. And it seems to be very straightforward (though I think it’s easily misconstrued). And this tone’s power is but one dimension of the power of social media.

 

Now, going back to the WTP situation.

After posting my raw notes about WTP’s social media issues, I went my merry way. At the back of my mind was this nagging suspicion that my tone would be misconstrued. But instead of taking measures to ensure that my post would have no negative impact (by changing the phrasing or by prefacing it with more tactful comments), I decided to leave it as is.

Is «Rien ne va plus, les jeux sont faits» a corrolary to the RERO mantra?

While I was writing my post, I added all the WTP-related items I could find to my lists: I joined WTP’s apparently-doomed Facebook group, I started following @worldstechpod on Twitter, I added two separate WTP-related blogs to my blogroll… Once I found out what WTP’s online presence was like, I did these few things that any social media fan usually does. “Giving the podcast some love” is the way some social media people might put it.

One interesting effect of my move is that somebody at WTP (probably Clark Boyd) apparently saw my Twitter add and (a few hours after the fact) reciprocated by following me on Twitter. Because I thought feedback about WTP’s social media presence had been requested, I took the opportunity to send a link to my blogpost about WTP with an extra comment about my tone.

To which the @worldstechpod twittername replied with:

@enkerli right, well you took your best shot at me, I’ll give you that. thanks a million. and no, your tone wasn’t “miscontrued” at all.

Call me “naïve” but I interpreted this positively and I even expressed relief.

Turns out, my interpretation was wrong as this is what WTP replied:

@enkerli well, it’s a perfect tone for trashing someone else’s work. thanks.

I may be naïve but I did understand that the last “thanks” was meant as sarcasm. Took me a while but I got it. And I reinterpreted WTP’s previous tweet as sarcastic as well.

Now, if I had read more of WTP’s tweets, I would have understood the “WTP online persona.”  For instance, here’s the tweet announcing the latest WTP episode:

WTP 209 — yet another exercise in utter futility! hurrah! — http://ping.fm/QjkDX

Not to mention this puzzling and decontextualized tweet:

and you make me look like an idiot. thanks!

Had I paid attention to the @worldstechpod archive, I would even have been able to predict how my blogpost would be interpreted. Especially given this tweet:

OK. Somebody school me. Why can I get no love for the WTP on Facebook?

Had I noticed that request, I would have realized that my blogpost would most likely be interpreted as an attempt at “schooling” somebody at WTP. I would have also realized that tweets on the WTP account on Twitter were written by a single individual. Knowing myself, despite my attempt at throwing caution to the wind, I probably would have refrained from posting my WTP comments or, at the very least, I would have rephrased the whole thing.

I’m still glad I didn’t.

Yes, I (unwittingly) “touched a nerve.” Yes, I apparently angered someone I’ve never met (and there’s literally nothing I hate more than angering someone). But I still think the whole situation is leading to something beneficial.

Here’s why…

After that sarcastic tweet about my blogpost, Clark Boyd (because it’s now clear he’s the one tweeting @worldstechpod) sent the following request through Twitter:

rebuttal, anyone? i can’t do it without getting fired. — http://ping.fm/o71wL

The first effect of this request was soon felt right here on my blog. That reaction was, IMHO, based on a misinterpretation of my words. In terms of social media, this kind of reaction is “fair game.” Or, to use a social media phrase: “it’s alll good.”

I hadn’t noticed Boyd’s request for rebuttal. I was assuming that there was a connection between somebody at the show and the fact that this first comment appeared on my blog, but I thought it was less direct than this. Now, it’s possible that there wasn’t any connection between that first “rebuttal” and Clark Boyd’s request through Twitter. But the simplest explanation seems to me to be that the blog comment was a direct result of Clark Boyd’s tweet.

After that initial blog rebuttal, I received two other blog comments which I consider more thoughtful and useful than the earliest one (thanks to the time delay?). The second comment on my post was from a podcaster (Brad P. from N.J.), but it was flagged for moderation because of the links it contained. It’s a bit unfortunate that I didn’t see this comment on time because it probably would have made me understand the situation a lot more quickly.

In his comment, Brad P. gives some context for Clark Boyd’s podcast. What I thought was the work of a small but efficient team of producers and journalists hired by a major media corporation to collaborate with a wider public (à la Search Engine Season I) now sounds more like the labour of love from an individual journalist with limited support from a cerberus-like major media institution. I may still be off, but my original impression was “wronger” than this second one.

The other blog comment, from Dutch blogger and Twitter @Niels, was chronologically the one which first made me realize what was wrong with my post. Niels’s comment is a very effective mix of thoughtful support for some of my points and thoughtful criticism of my post’s tone. Nice job! It actually worked in showing me the error of my ways.

All this to say that I apologise to Mr. Clark Boyd for the harshness of my comments about his show? Not really. I already apologised publicly. And I’ve praised Boyd for both his use of Facebook and of Twitter.

What is it, then?

Well, this post is a way for me to reflect on the power of social media. Boyd talked about social media and online social networks. I’ve used social media (my main blog) to comment on the presence of Boyd’s show in social media and social networking services. Boyd then used social media (Twitter) to not only respond to me but to launch a “rebuttal campaign” about my post. He also made changes to his show’s online presence on a social network (Facebook) and used social media (Twitter) to advertise this change. And I’ve been using social media (Twitter and this blog) to reflect on social media (the “meta” aspect is quite common), find out more about a tricky situation (Twitter), and “spread the word” about PRI’s The World: Technology Podcast (Facebook, blogroll, Twitter).

Sure, I got some egg on my face, some feathers have been ruffled, and Clark Boyd might consider me a jerk.

But, perhaps unfortunately, this is often the way social media works.

 

Heartfelt thanks to Clark Boyd for his help.

Curmudgeon Phase

Just a placeholder but I do want to write something longer about attitudes toward “people with attitude.”

I get the impression that, at least in intellectual circles in the United States or other Anglo contexts, there’s a common (to my mind mis-)conception that curmudgeony people are somehow “smarter” than anyone else. Not only do I think this would be an inaccurate characterization, but I think it’s embedded in broader issues about anti-intellectualism, social change, and philosophy.

Sure, some of the best-known curmudgeons have had some interesting ideas to share. But I see no connection between a miserly attitude and any form of insight. I even think that some people are adopting the attitude to position themselves as “intelligent people,” regardless of how intelligent they are (in quality as well as in “perceived measure”). To go even further, I think that the negative attitude in question is often but a phase in a longer process of intellectual discovery and that “enlightened” people often have a much more serene attitude.

In other words, I sometimes get the feeling that some people use an opinionated tone to fake being smart.

There. I’ve said it.

Now, I don’t mean to say that curmudgeons aren’t intelligent. My concept of intelligence doesn’t even work that way (I think there are different forms of intelligence, that intelligence can’t necessarily be measured, etc.). But I do think that some of the actual impostors (not those relating to the impostor syndrome) are using what they perceive as a “status symbol of intellectual prowess” to bolster their self-confidence in contexts which give a lot of prestige to so-called “smart people.”

As dismissive as it ends up sounding, I almost take the “curmudgeon phase” as the wit-focused equivalent to the awkward period of physical changes during puberty. It even reminds me of an exceedingly pointed mockery, by a member of Montreal’s intelligentsia, that a well-known Montreal journalist was “living beyond his intellectual means.” Though the mockery is very nasty, I happen to think that it encapsulated something of the journalist’s attitude which is worth considering. That journalist isn’t really that cranky (especially when compared with “professional curmudgeons” in the United States) but he clearly has “an attitude.” And I really don’t perceive that attitude as a sign of intellectual superiority. (Not that I have a clear notion of what “intellectual superiority” should entail but, hopefully, ya catch my drift.)

Some non-cranks seem to share the curmudgeons’ association of wits with ‘tude. At least, something similar may have been at stake when Douglas N. Adams, whom I’d have a hard time perceiving as a curmudgeon, wrote neurotic elevators and other technological annoyances into his Guide. Now, neurosis and ill-temper aren’t connected by necessity. But the notion that sentient technology would likely have a very negative attitude toward life (as well as toward the Universe and even toward Everything) seems to me to relate to the idea that it isn’t really possible to be both exceedingly intelligent and unbelievably happy. Slartibartfast‘s distinctions between happiness and truth contributes to my impression. And it seems quite likely that DNA wasn’t that serene a person, despite all the happiness to which he has contributed.

Ok, I guess that’ll have to do for now. It’s actually a relief to be writing this. As I’m becoming much more serene, I want to let go of this negativity which I’ve been encountering in some self-important circles.

 

“If you’re so smart, why ain’t you happy?” does sound less dismissive than the “if you’re so rich, why ain’t you smart?” that I’d like to level at some ultra-competitive materialists.