En réponse à ClodiMedius (lui-même répondant à un de mes billets).
Puisque j’ai tendance à être plus personnel et informel quand je blogue en français, ma réponse à ton commentaire va être un peu plus familière que son origine (et que la plupart de mes billets, surtout ceux écrits en anglais).
Tout d’abord, merci beaucoup d’avoir envoyé ce commentaire sur mon blogue. Je blogue pas pour recevoir des commentaires mais j’apprécie beaucoup les quelques commentaires que je reçois. En fait, j’ai parfois l’intention de prendre des moyens précis pour augmenter le nombre de commentaire sur mon blogue. Par simple curiosité pour la chose humaine, pas par désir irrépréssible d’être le centre d’une attention particulière.
Juste pour être clair, est-ce que mon billet t’a fait réagir pour une raison précise? C’était une réponse à une discussion sur le blogue de Marie-Chantal Turgeon. C’est dans cette discussion que certains semblaient déplorer l’état de la blogosphère québécoise. Mon opinion, en gros, c’est qu’elle se porte relativement bien parce que ses critères de réussite ne sont pas liés à d’autres blogosphères. Le Québec d’aujourd’hui, son insularité et son provincialisme compris, fait son bonhomme de chemin sans trop se comparer au reste du monde. On se sent parfois fiers (avec raison, selon moi) de ce qui se passe au Québec et on regarde ailleurs pour s’inspirer et pour communiquer avec le plus grand nombre. Mais quand on agit, c’est pas pour se mesurer à des moulins. Donc, la crise d’identité que tu perçois, je la perçois surtout comme une dynamique sociale assez fluide et «organique». Nos différences d’opinion sont surtout une question de perspective, j’imagine.
Pour situer un peu les choses, au cas où c’était pas clair. Je suis Québécois de naissance, Suisse d’origine, Acadien par alliance, Ouest-Africain par intérêts académiques et je vis souvent hors du Québec. (En ce moment-même, je suis à Northampton, dans l’ouest du Massachusetts).
Je suis aussi anthropologue (ethnolinguiste, ethnologue, ethnographe et ethnomusicologue) alors je m’intéresse beaucoup aux processus liés aux identités culturelles et sociales. Soit dit en passant, pour la question de l’ethnocentrisme, faut pas confondre avec la fierté identitaire. Aussi, ça aide de voir que l’ethnocentrisme est très fréquemment présent dans tout rapport entre groupes. Nous sommes beaucoup à lutter contre l’ethnocentrisme mais l’idée c’est de l’endiguer, pas de l’éradiquer.
Bon, pour revenir plus précisément aux points que tu soulèves. C’est probablement difficile de répertorier cette blogosphère québécoise dont on parle avec tant de verve. Mais, comme tu le remarques, on se retrouve assez facilement, entre Québécois. Pas seulement entre Francophones ou même entre amateurs du Québec. Mais spécifiquement entre Québécois. On ne passe même pas par Loïc «Bloïc» Le Meur pour entrer en contact, les uns avec les autres. Dans ce cas-ci, nous nous sommes greffés au réseau de Marie-Chantal au sein duquel chaque nœud est lié à plusieurs autres réseaux (dont certains sont spécifiquement québécois, d’autres non). Pour un groupe aussi «restreint» (au sens démographique, disons) que le nôtre, c’est assez inusité.
La question du lectorat est fascinante. Ma propre réaction provenait en partie de commentaires d’un autre Québécois vivant aux États-Unis. Si certains d’entre nous veulent être lus, pour d’autres, c’est moins important. Dans mon cas, j’aimerais bien (comme je le mentionnais plus haut) recevoir plus de commentaires et je suis bien content de voir que certains lisent quelques entrées de mon blogue, mais ça change pas grand-chose à ma façon de bloguer. Je blogue pour moi-même, pour écrire, pour mettre des idées en forme, pour conserver une trace de certains aspects de ma vie, pour distribuer certaines choses à des amis (plutôt que de leur envoyer par courriel), pour avoir une présence relativement stable en-ligne (de sorte que les gens qui me connaissent puissent me contacter), etc.
Comme tu le remarques peut-être, mes billets avec des thèmes plus spécifiquement québécois sont relativement rares. En fait, j’en écris probablement plus quand je suis à l’extérieur du Québec, par nostalgie.
Pour être plus spécifique, par rapport à ton propre blogue. Tu parles de WordPress et des catégories. Une des choses que j’apprécie de WP (même si j’aimerais utiliser une méthode plus semblable à celle de Del.icio.us) c’est la possibilité de créer des catégories et des étiquettes à tout moment. En fait, je crée beaucoup trop de catégories (en moyenne trois par billet), ce qui m’a poussé à masquer la liste des catégories des pages de mon blogue. C’est un principe d’ouverture. Mes blogues se veulent disparates et n’ont donc pas de thèmes particuliers. Ils doivent me représenter, autant que faire se peut. Ce qui implique que je cherche pas à rejoindre un groupe particulier (disons, les torréfacteurs amateurs). Amusant que tu fasses référence à l’arôme de la torréfaction et à l’anthropologie. Ça me porte à croire que tu as lu d’autres billets sur mon blogue. Et ta réponse me pousse à aller voir tes propres blogues. On crée donc un contact. Oui, notre «québécité» a servi de base à ce contact, mais les contacts que nous avons toi et moi avec d’autres internautes proviennent certainement de beaucoup d’autres «prétextes».
En fait, je pense que je vais t’envoyer un message privé pour continuer la conversation. Mais c’est agréable de pouvoir discuter publiquement sans s’être rencontrés. Les listes de diffusions ainsi que les forums sur le Web servent souvent le même rôle mais les blogues sont plus individualisés.
Merci encore!